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La colère des agriculteurs ne faiblit pas, le «siège de Paris» se prépare

Déterminés, les paysans attendent toujours des mesures plus concrètes et s’apprêtent à bloquer l’accès à la capitale, dès 14 heures ce lundi.

Déçus des annonces du premier ministre vendredi, les agriculteurs veulent faire «le siège de Paris», ce lundi après-midi, pour mettre la pression sur les pouvoirs publics. «C’est le seul moyen pour se faire entendre, regrette Cyrille Milard, président de la FNSEA en Seine-et-Marne. Cette mobilisation historique, qui concerne l’ensemble des productions agricoles et des régions, montre la profondeur du malaise et l’incapacité de l’exécutif à résoudre nos problèmes malgré les beaux discours. Les mots d’amour ne sont pas suffisants. On veut des actes, et tout de suite. En attendant, on continue la mobilisation, cette fois-ci autour de Paris.»

«La semaine qui arrive est celle de tous les dangers», prévient Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, en déplacement ce dimanche sur un blocage de l’A16, fermée sur 80 kilomètres entre la Somme et l’Oise. «Soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu’ensuite, chacun prendra ses responsabilités. On appelle tout le monde au calme et à la détermination. Il n’est pas question qu’il y ait d’autres accidents», poursuit-il, en référence au drame de Pamiers, dans l’Ariège, où une agricultrice et sa fille ont été tuées mardi dernier sur un barrage par une voiture arrivant à vive allure. «Notre objectif n’est pas la violence, ni d’aller à la provocation. Si certains veulent le faire, ils le feront en dehors du cadre qui est le nôtre», lance le leader du premier syndicat agricole français.

Concrètement, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) prévoient de bloquer l’accès à Paris à partir de 14 heures sur les 7 autoroutes menant à la capitale (A1, A4, A5, A6, A10, A12 et A13). Ils arrêteront leurs tracteurs sur la chaussée dans un rayon de 30 à 40 kilomètres autour de Paris, à hauteur de la Francilienne, périphérique de la région Île-de-France.

«À chaque point de blocage, nous avons prévu quelque 70 à 80 tracteurs pour arrêter le trafic, complète l’un des participants au dispositif, Maxime Buizard-Blondeau, JA dans le Loiret. Nous venons de douze départements du grand bassin parisien et ses alentours. Nous prévoyons de nous relayer au moins jusqu’à jeudi, date à laquelle le président Macron doit aller à Bruxelles. Il devrait obtenir la suspension de la mesure nous obligeant à mettre en jachère cette année 4% de nos terres. En outre, pour les collègues bretons et normands qui ont arrêté l’élevage, nous réclamons la fin de l’obligation de ressemer des prairies mises en culture.»

«Notre mouvement est unitaire»

De leur côté, les agriculteurs de la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole français, envisagent de bloquer l’accès au marché de Rungis, après avoir organisé un barrage à Roissy ce samedi. «Sans approvisionnement pendant quelques jours, peut-être que les Parisiens s’apercevront de l’importance de l’agriculture dans notre pays, explique Serge Bousquet-Cassagne, président CR de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, céréalier et producteur de pruneaux. Notre action est complémentaire de la FNSEA et des JA. Ils font le siège de Paris, nous bloquons Rungis. Nous partons ce lundi matin avec un convoi de 50 à 60 tracteurs et d’autres départements se joindront à nous pendant le voyage. La Dordogne, la Haute-Vienne et la Creuse ont décidé de se rallier à l’action de colère.»

Compte tenu de la vitesse moyenne d’un tracteur (40 à 50 kilomètres par heure ) et des 650 kilomètres qui séparent, par exemple, Agen de Rungis, le convoi ne devrait arriver que dans la nuit de lundi à mardi. Par ailleurs, ils pourraient être freinés par les forces de l’ordre, déjà installées dimanche en fin d’après-midi aux abords du marché. Après avoir fait preuve d’une certaine mansuétude la semaine dernière, Gérald Darmanin a en effet demandé cette fois-ci aux responsables des forces de l’ordre de mettre en place «un dispositif défensif important afin d’empêcher tout blocage par les agriculteurs du marché de Rungis, des aéroports franciliens et d’interdire toute entrée dans Paris».

Le mouvement, et c’est assez rare pour le souligner, rassemble les agriculteurs de toutes les filières, syndiqués ou non, alors que le mois de janvier est l’un des plus calmes de l’année dans les champs. «Nous encadrons un convoi d’une vingtaine de tracteurs, dont certains des JA et de la FDSEA, indique Pascal Aubry, éleveur de porcs sur paille, secrétaire général de la CR en Mayenne. Ils doivent aller jusqu’au péage de Saint-Arnoult. L’idée est de récupérer du monde au passage et d’aller jusqu’à Rungis, voire Paris. Notre mouvement est unitaire et responsable. Nous attendrons nos collègues du Lot-et-Garonne et ceux d’autres régions à Saint-Arnoult. Ce que l’on demande, c’est d’abord des prix rémunérateurs et non des primes, ensuite vient le sujet de l’excès de normes.»

«Décisions qui changent le logiciel»

Ailleurs en France, malgré la poursuite de la baisse du nombre de barrages ce dimanche, la gendarmerie dénombrait encore 20 actions dans l’après-midi, dans 17 départements. Dans le Gard, l’autoroute A9 était toujours coupée à hauteur de Nîmes vers 18 heures. «On attend la venue du ministre de l’Agriculture avec des annonces concrètes, faute de quoi nous ne lèverons pas les barrages», affirme Daniel Sève, président de la FNSEA du département. Dans l’Indre et Loire, la venue de Gabriel Attal dimanche matin dans une exploitation maraîchère n’a pas suffi à convaincre.

Au contraire, selon les dires du patron de la FNSEA : «On n’a pas bien vécu ce qui s’est passé la semaine dernière (lors d’un déplacement en Occitanie vendredi, NDLR). La com’, les caméras, le ballot de paille et tout ça, ce n’est pas notre truc. Ce qu’il nous faut, nous, ce sont des décisions dont on sent qu’elles changent le logiciel. Je dis au premier ministre qu’il faut aller beaucoup plus loin. Tant que ces demandes ne seront pas satisfaites, la mobilisation sera totale.» Dans ces conditions, difficile de dire quand ce conflit, historique par son ampleur, prendra fin.

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155 commentaires
  • Ragnar

    le

    Il faut aussi que les consommateurs acceptent de rémunérer convenablement les agriculteurs en achetant des produits français plus coûteux que ceux importés. Il faut aussi refuser d'acheter du bio qui vient de l'autre bout du monde.

  • Michel Trophimovitch

    le

    Seule l'union RECONQUETE, LR (non macron compatibles), RN, DEBOUT LA FRANCE et PATRIOTES pourra nous libérer de la mouvance macro-socialiste !
    Ils ont déjà fait tant de mal aux Français !!!!!!!!!!!!!!!!!

  • moutonnoir

    le

    Tout bloquer et partout tant que Macron ne fait pas des référendums et une dissolution, car c'est cela qu'exigent le pays et la très large majorité des français...

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