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Palestine

Gaza: le manque de carburant met en péril les convois humanitaires et l'activité des hôpitaux

Dans la bande de Gaza, si aucun approvisionnement en carburant n'est effectué, l'aide humanitaire dont dépend la population palestinienne ne pourra plus être acheminée et les hôpitaux cesseront de fonctionner.

La catastrophe humanitaire continue à Gaza. Depuis le 7 octobre, l'enclave palestinienne est bombardée sans relâche par l'armée israélienne en représailles aux attaques terroristes du Hamas, plaçant la population dans une situation humanitaire désastreuse.

Les 2,4 millions de Gazaouis dépendent des convois d'aide qui arrivent au compte-goutte via le poste-frontière de Rafah. Une aide, insuffisante, qui risque de s'arrêter ce mercredi 25 octobre au soir si aucune solution n'est trouvée au manque criant de carburant.

"Si nous n'obtenons pas de carburant de toute urgence, nous serons obligés d'arrêter nos opérations dans la bande de Gaza à partir de demain soir", a averti l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) sur X (anciennement Twitter).

Les ONG et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres réclament "un cessez-le-feu humanitaire" pour "apaiser cette souffrance immense".

"Même si les convois humanitaires pénètrent dans Gaza, nous n'aurons pas assez de carburant dans les camions pour collecter et distribuer les aides", alerte Thomas White, directeur des opérations de l'agence de l'ONU à Gaza auprès de CNN.

"L'hôpital deviendra un charnier"

Outre les camions, ce carburant est nécessaire pour faire fonctionner les stations de désalinisation et permettre l'accès à l'eau potable, pour "produire le pain qui nourrit en grande partie" la population palestinienne ajoute Thomas White, ou encore pour faire fonctionner les générateurs qui produisent l'électricité, dans les hôpitaux notamment.

Un tiers des hôpitaux et deux tiers des cliniques ne fonctionnent déjà plus, souligne le Dr Rick Brennan, directeur des urgences au bureau Méditerranée orientale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que ces établissements croulent sous les blessés, des civils victimes des bombardements dont de nombreux enfants.

"L'hôpital d'Al-Shifa deviendra un charnier si nous manquons d'électricité, nous ne pourrons pas faire fonctionner les salles d'opérations, les appareils d'anesthésie, s'alarme Dr Ghassan Abu-Sittah, chirgurgien, interrogé par BFMTV.

Il ajoute: "Cet hôpital qui accueille aujourd'hui environ 1.700 patients blessés, soit trois fois sa capacité, cesserait d'exister en tant qu'hôpital".

Des nourrissons en danger

En tout, 120 nourrissons sont en couveuse actuellement à Gaza selon les associations humanitaires. Dans l'hôpital Al-Shifa, 55 bébés nés prématurés survivent notamment grâce à un apport constant d'oxygène. Des soins impossibles à maintenir si les réserves en carburant ne sont pas renflouées.

"Si l'électricité est coupée, nous perdons les 55 bébés qui ont besoin d'oxygène dans les cinq minutes", prévient le Dr Nasser Bulbul, chef du service pédiatrique.

Selon l'Unicef, 1.800 enfants palestiniens sont morts dans la bande de Gaza depuis le 8 octobre.

Israël refuse de faire entrer du carburant dans l'enclave affirmant que cela profiterait au Hamas. Le porte-parole de Tsahal affirmait ce mardi sur X que le Hamas "continue de revendiquer son incapacité à approvisionner les hôpitaux, les boulangeries et les civils en carburant" alors que le groupe "possède plus d’un demi-million de litres de diesel" qu'il "vole aux civils".

Fanny Regnault et Juliette Brossault