Ce que l’on sait de l’offensive russe dans le Donbass

Des barricades à Severodonetsk, dans le Donbass, le 13 avril 2022.

Des barricades à Severodonetsk, dans le Donbass, le 13 avril 2022. RONALDO SCHEMIDT / AFP

Les troupes russes ont entamé dans la nuit de lundi à ce mardi une opération de reconquête du Donbass. Les troupes ukrainiennes, qui attendaient un assaut depuis plusieurs jours, résistent.

Après un changement de stratégie, l’armée russe, qui a échoué à prendre Kiev, a annoncé qu’elle allait concentrer ses attaques dans l’Est de l’Ukraine. Moscou a lancé son offensive lundi 18 avril dans la soirée, a annoncé le président Volodymyr Zelensky. De son côté, la Russie a appelé les militaires ukrainiens à déposer les armes.

« L’Obs » fait le point sur ce que l’on sait de ces attaques, notamment dans le Donbass.

  • Nouvelle étape de la guerre

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Ces dernières semaines, après avoir échoué à prendre le contrôle de la région de Kiev, la campagne militaire russe s’est réorientée sur le bassin du Donbass, partiellement contrôlé par des forces séparatistes prorusses depuis 2014.

« Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, pour laquelle elles se préparent depuis longtemps. Une très grande partie de l’ensemble de l’armée russe est désormais consacrée à cette offensive », a déclaré lundi soir le président Volodymyr Zelensky, dans un discours retransmis sur Telegram.

« Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu’ici, nous combattrons. Nous nous défendrons », a-t-il clamé. Pour son chef de cabinet, Andriï Yermak, « la deuxième phase de la guerre a commencé ».

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« Vladimir Poutine parle de libérer le Donbass, il doit donc obtenir des résultats à cet endroit et sortir de cette guerre en disant qu’il a atteint les objectifs qu’il s’était fixés », expliquait Olivier Kempf à « L’Obs », chercheur associé à la Fondation pour la Recherche stratégique. Le Donbass est partiellement contrôlé par des forces séparatistes prorusses depuis 2014.

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  • 76 bataillons mobilisés dans l’est et le sud

D’après des renseignements d’un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie aurait fait venir onze bataillons de plus en une seule semaine dans le Sud et dans l’Est de l’Ukraine. Au total, plus de 76 bataillons russes seraient actuellement présents sur place. « Une très grande partie de l’ensemble de l’armée russe est désormais consacrée à cette offensive », a ajouté Volodymyr Zelensky dans un discours retranscrit sur sa chaîne Télégram.

L’état-major russe a affirmé ce mardi avoir frappé « 60 installations militaires de l’Ukraine », dont trois points de commandements, et deux entrepôts de missiles Totchka-U.

  • Des dizaines de frappes aériennes

Moscou a déclaré ce mardi avoir mené une dizaine de frappes dans l’est de l’Ukraine, au lendemain de l’annonce par Kiev d’une nouvelle offensive de l’armée russe dans cette région, près de deux mois après le début de l’invasion russe.

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A l’aide de « missiles de haute précision », les forces aériennes russes ont « neutralisé 13 places fortes » de l’armée ukrainienne, a affirmé le ministère russe de la Défense, en appelant à la reddition de « tous les militaires ukrainiens ». Les autorités locales ont de leur côté appelé les habitants à fuir cet « enfer », malgré l’absence de couloirs humanitaires.

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  • « L’enfer » des combats dans plusieurs villes

Les combat s’intensifient dans plusieurs villes à l’Est du pays, comme Roubijné et Popasna. La ville de Kreminna, à cinquante kilomètres au nord-est de Kramatorsk, a été conquise par les Russes. Quatre civils y sont morts alors qu’ils tentaient de fuir les bombardements.

« C’est l’enfer », s’est ému lundi soir sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. Les combats « sont incessants » dans plusieurs villes.

« Partez ! », a-t-il ordonné ce mardi à ses concitoyens. « Des milliers d’habitants de Kreminna n’ont pas eu le temps de partir et maintenant, ils sont otages des Russes. »

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Dans la région voisine de Donetsk, les Russes bombardent « en direction de Mariïnka, Otcheretyne et Avdiïvka », a signalé mardi son gouverneur, Pavlo Kyrylenko, sur Telegram. « La situation sur le front est difficile mais contrôlée, » a-t-il assuré.

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L’offensive de Moscou a tué au moins huit civils lundi et un autre mardi dans les régions de Lougansk et de Donetsk, selon les autorités locales. Quatre d’entre eux - une famille - ont été tués par des tirs russes alors qu’ils tentaient de fuir Kreminna, selon Serguiï Gaïdaï.

  • Pas de couloir humanitaire prévu

La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a enjoint Moscou à ouvrir des couloirs humanitaires dans les villes de Berdyansk et Marioupol, où les combattants ukrainiens ainsi que « beaucoup de civils » sont assiégés par l’armée russe.

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Aucun couloir d’évacuation des civils n’a pu être organisé ce mardi en Ukraine, faute d’accord avec la partie russe, et ce pour le troisième jour consécutif. En ce qui concerne Marioupol, assiégée depuis début mars, « les Russes refusent d’ouvrir un couloir pour la sortie des civils en direction de Berdiansk », a rappelé la ministre. « Votre refus d’ouvrir ces couloirs humanitaires servira, à l’avenir, d’éléments pour des poursuites en justice contre tous ceux impliqués dans des crimes de guerre », a-t-elle ajouté sur Telegram.

  • La Russie appelle à « déposer les armes »

La Russie a appelé ce mardi toute l’armée ukrainienne à « déposer les armes » et les derniers défenseurs de Marioupol à cesser leur « résistance insensée ». « Ne tentez pas le destin, prenez la seule décision correcte, celle de cesser les opérations militaires et déposez les armes », a dit le ministère russe de la Défense, dans un communiqué.

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« Nous nous adressons à tous les militaires de l’armée ukrainienne et aux mercenaires étrangers : un sort peu enviable vous attend à cause du cynisme des autorités de Kiev », a-t-il encore martelé.

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