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Suisse: un prisonnier recourt à une organisation d'aide au suicide, une première

Un détenu devant sa cellule de prison (illustration)

Un détenu devant sa cellule de prison (illustration) - Thibaud MORITZ © 2019 AFP

Un homme détenu en Suisse a mis fin à ses jours grâce à un suicide assisté, une première dans un établissement pénitentiaire du pays.

Un détenu a mis fin à ses jours en Suisse en recourant à une organisation d'aide au suicide, une première dans ce pays, selon une information qui doit paraître jeudi dans le journal Wochenzeitung.

L'homme, dont le nom n'a pas été dévoilé, est décédé le 28 février avec le soutien de l'organisation Exit. Selon le journal, il était détenu dans l'établissement pénitentiaire de Bostadel (nord), près de Zurich.

Interrogé par l'AFP, Exit a indiqué qu'"en raison de la protection des données et de la personnalité, nous ne pouvons pas donner d'informations sur les suicides assistés, voire accompagnés".

Inédit dans une prison

La Direction de la justice et de l'intérieur du canton de Zurich a confirmé à l'agence de presse suisse ATS qu'un suicide assisté avait bien eu lieu dans le domaine de l'exécution des peines et mesures, mais n'a pas donné d'informations plus détaillées sur le détenu.

Les autorités judiciaires zurichoises ont expliqué que le droit de toute personne capable de discernement de choisir le mode et le moment de sa mort s'applique également aux détenus.

En Suisse, selon la loi, seul celui qui, "poussé par un mobile égoïste", prête assistance au suicide de quelqu'un est punissable. La pratique de l'assistance organisée au suicide est toutefois encadrée par les codes de déontologie médicale et des organisations telles qu'Exit et Dignitas, qui ont édicté leurs propres garde-fous (âge, maladies, etc.).

L'acte se déroule généralement au domicile de la personne ou chez un proche. Dans certains cantons, il peut également avoir lieu dans un établissement pour personnes âgées ou médicalisé, ainsi que dans certains hôpitaux.

Une première demande médiatisée en 2018

En 2018, un détenu interné à vie, Peter Vogt, avait demandé pour la première fois dans un reportage télévisé à pouvoir mettre fin à ses jours avec Exit, suscitant de nombreux débats en Suisse.

Ce violeur récidiviste a purgé sa peine il y a de nombreuses années mais est depuis interné à vie - la mesure la plus radicale de l'arsenal pénal suisse, introduite en 2004 lors d'un vote populaire - dans l'établissement pénitentiaire de Bostadel car ses troubles psychiques le rendent très dangereux.

"Il est plus humain de vouloir se suicider que d'être enterré vivant pour les années à venir", avait-il écrit à l'AFP, disant souffrir de multiples maladies telles que des insuffisances rénale et cardiaque.

Les autorités suisses avaient demandé l'avis du Centre suisse de compétences en matière d'exécution des sanctions pénales (CSCSP) qui avait par la suite estimé que le suicide assisté des prisonniers devrait être possible, à certaines conditions, en raison du "droit à l'autodétermination" des individus.

T.P. avec AFP