Les tentatives de sauvetage n’auront pas été suffisantes. Malgré une première opération de secours samedi 28 mai, l’orque en difficulté dans la Seine ne pourra finalement pas être secourue. La préfecture de la Seine-Maritime a annoncé dimanche que le cétacé, perdu entre Le Havre et Rouen, devrait être euthanasié dans les prochains jours pour mettre fin à ses souffrances. « Le groupe de travail des experts a conclu que la seule solution envisageable consiste à euthanasier l’animal », précise-t-elle dans un communiqué. Les modalités de l’intervention restent encore à déterminer.
A l’origine de cette décision, l’état de santé dégradé du cétacé. « Cela donne la chair de poule, on ne reconnaît même pas que c’est une orque », témoigne Charlotte Curé, chercheuse en bioacoustique au Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Les dernières observations suggèrent que l’animal souffre de mucormycose, une maladie de peau « observée sur des mammifères marins à plusieurs endroits du globe, sans que les spécialistes n’aient à ce jour connaissance de cas comparables en Europe », précise la préfecture.
La pathologie peut même « s’emboliser au niveau sanguin pour atteindre les reins, les poumons, le cœur et le cerveau ». Il est pour l’instant impossible de déterminer si l’animal a contracté cette maladie avant ou après son arrivée dans la Seine. Il est toutefois probable que son état se soit dégradé au contact de l’eau douce. Ce milieu, peu adapté pour une espèce d’eau salée, favorise la dégradation de la peau et peut provoquer des ulcères.
« Comportement désordonné »
Samedi, une opération de sauvetage avait été engagée pour le cétacé, aperçu pour la première fois le 16 mai à proximité du Havre. Une vingtaine d’experts et de bénévoles ont tenté de l’attirer vers l’embouchure de la Seine grâce à une diffusion de sons émis par une population d’orques. Cette méthode d’intervention douce a été privilégiée pour éviter de stresser davantage le cétacé affaibli. Un suivi visuel a également été assuré par drone et a permis d’observer plus précisément l’animal.
« On ne peut pas s’acharner sur un animal comme ça », témoigne la chercheuse Charlotte Curé
« Son comportement était complètement désordonné, elle passait d’une berge à l’autre, sans logique », raconte Charlotte Curé. Des sons préenregistrés de ses congénères dans un contexte social ou en train de chasser du poisson ont été diffusés sous l’eau, sans succès. L’orque en difficulté, qui mesure entre quatre et cinq mètres et pèse plus d’une tonne, a réussi à parcourir un kilomètre, mais « elle s’épuise très rapidement et, d’un point de vue éthique, on ne peut pas s’acharner sur un animal comme ça », poursuit la chercheuse, qui a dirigé l’intervention. Devant les réactions incohérentes de l’animal et son absence de vivacité, l’intervention a été suspendue samedi en début de soirée.
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