Les photos ont été prises pour rester dans l’histoire. Emmanuel Macron serrant avec force le bras de Volodymyr Zelensky, président ukrainien et héros de guerre ; le chef de l’Etat au milieu des décombres d’une ville meurtrie ; et ce cliché d’une Europe unie, au chevet d’un pays assiégé par la Russie. Ce jeudi 16 juin, le locataire de l’Elysée pense sans doute que son séjour à Kiev, mené avec deux autres poids lourds de l’Union européenne (UE), ses homologues allemand, Olaf Scholz, et italien, Mario Draghi, atténuera les effets de son propos – « ne pas humilier la Russie » –, qui a tant froissé l’Ukraine. Mais le locataire de l’Elysée, chantre de la rationalité politique, n’entend-il pas, aussi, faire frémir les Français devant les projets de son adversaire Jean-Luc Mélenchon ?
La guerre, rappelle-t-il à l’envi, est à nos portes. A trois jours du second tour des élections législatives, « je veux que nous mesurions tous et toutes le moment où nous avons à faire ce choix démocratique. A deux heures trente d’avion de Paris, il y a la guerre », a-t-il rappelé jeudi, lors d’un entretien au journal télévisé de TF1. « Les prix de l’essence qui augmentent, le prix du gaz qui augmente, le prix des courses… Tout cela est lié à ce conflit (…). Nous devons être forts pour porter nos valeurs, pour être crédibles à l’étranger et prendre des décisions exceptionnelles dans des temps exceptionnels », a-t-il conclu.
L’avant-veille, depuis le tarmac de l’aéroport d’Orly, en partance pour la Roumanie, première étape d’un voyage « pour l’histoire », le chef de l’Etat avait appelé les électeurs à un « sursaut républicain » dimanche 19 juin. « Je compte sur vous pour doter le pays d’une majorité solide afin d’affronter tous les défis de l’époque et de bâtir l’espoir (…). Pas une voix ne doit manquer à la République », avait-il expliqué, dans une scénographie étudiée, devant l’avion présidentiel prêt à décoller. Une mise en scène ratée, ont raillé ses adversaires. Les « insoumis » vont jusqu’à ironiser sur un président « en fuite », à l’image du général de Gaulle réfugié à Baden-Baden pendant les événements de Mai 1968.
« Bon voyage président ! N’oubliez pas de mettre votre ceinture, car le ciel turbule en ce moment », lui lance M. Mélenchon dans un post de blog. « Ce sketch à la Trump pour mettre en garde contre l’ennemi de l’intérieur est le symbole d’une époque (…). Un chef absent, un avion sans pilote, des troupes d’assaut éparses et confuses, un sommet pourri de haines personnelles, tout ça prend une tournure de château de cartes », estime le leader « insoumis » alors qu’Emmanuel Macron s’envole, indifférent. La riposte attendra. Le locataire de l’Elysée est occupé par les affaires du monde.
Il vous reste 74.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.