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"Nous vivons en enfer”: l'Inde et le Pakistan, confrontés à une canicule extrême, manquent d'eau et d'électricité

Habitants du Kashmir s'abritant de la chaleur à Srinagar.

Habitants du Kashmir s'abritant de la chaleur à Srinagar. - Tauseef Mustafa

Températures extrêmes, taux d'humidité grimpant en flèche: l'Inde et le Pakistan subissent depuis avril une vague de chaleur étouffante qui ne semble pas encore terminée. Au Pakistan la température a dépassé les 50°C à l'ombre le week-end dernier, un record pour 2022.

L'Asie du Sud est toujours confrontée à des températures anormalement élevées, atteignant à certains endroits du Pakistan les 50°C à l'ombre. Les autorités mettent en garde contre le risque de pénurie d'eau et la menace pesant sur la santé.

Aussi bien en Inde qu'au Pakistan, les habitants sur place évoquent un véritable enfer. Ce sont d'ailleurs les mots de Nazeer Ahmed, un habitant de Turbat, au Pakistan, dans les colonnes du Guardian. D'après le quotidien britannique, la ville est bien connue puisque c'était dans celle-ci en 2021 que la température la plus élevée du monde au mois de mai avait été enregistrée, avec 54°C.

Nazeer Ahmed parle d'"enfer" car les 200.000 habitants de la ville de Turbat subissent les coupures d'électricité à répétition parfois jusqu'à neuf heures par jour, apprend-t-on. Ainsi, il est impossible de faire fonctionner les climatiseurs et autres réfrigérateurs.

"C'est comme un feu qui brûle partout autour de nous"

Outre cette ville de la province du Balouchistan, parmi les endroits les plus chauds de la planète depuis le début de cette vague de chaleur inédite, il y a Jacobabad, un peu plus de 191.000 habitants, dans la province méridionale pakistanaise du Sindh.

Là-bas, Saeed Ali, 12 ans, était à deux doigts de mourir d'un coup de chaleur. Un phénomène qui survient lorsque le corps est tellement surchauffé qu'il n'arrive plus à se refroidir, pouvant entraîner étourdissements, nausées, gonflements d'organes, syncopes, et même la mort.

Le garçon s'est effondré alors qu'il rentrait chez lui à pied sous le soleil brûlant, après avoir suffoqué toute la matinée dans une salle de classe dépourvue de ventilateurs, rapporte l'Agence France-Presse (AFP).

Dans les écoles, lorsque les enfants souffrent, les professeurs les raniment comme ils peuvent. Des garçons décrivent à l'AFP: "Nous suffoquons dans la chaleur, nous transpirons abondamment, nos vêtements sont trempés". De son côté, un forgeron explique:

"C'est comme un feu qui brûle partout autour de nous. Ce dont nous avons le plus besoin, c'est d'électricité et d'eau".

L'Inde cesse ses exportations de blé

Avec ces chaleurs extrêmes, les réservoirs d'eau s'asséchent. Le débit de l'Indus a été réduit de 65% cette année, "en raison du manque de pluies et de neige", selon le porte-parole du département de l'Irrigation dans le Pendjab, Adnan Hassan. Prenant sa source au Tibet, ce fleuve traverse l'Inde puis le Pakistan avant de se jeter en mer d'Arabie. Son bassin procure 90% de l'alimentation en eau du Pakistan, selon l'ONU.

Le nord-ouest et le centre de l'Inde ont connu le mois d'avril le plus chaud depuis 122 ans. Cette canicule a eu une incidence sur la production et l'exportation de blé.

Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a interdit l’exportation du blé indien samedi, pour tenter de contenir l’envolée des prix et d’assurer la sécurité alimentaire du sous-continent.

Résultat, s'il y a un an, la tonne valait moins de 200 euros, avec la guerre en Ukraine et cet embargo, le prix de la tonne bat un record avec 438 euros, participant à l'inflation dans l'hexagone.

Mathieu Ait Lachkar