Plus la date des vacances scolaires approche, plus l’inquiétude des passagers qui ont plébiscité la SNCF et se sont rués sur les billets dès l’ouverture des ventes s’exacerbe. Les vacanciers doivent-ils croire les propos rassurants du gouvernement ? Le ministre délégué chargé des transports, Clément Beaune, s’est dit, mardi 13 décembre, « assez confiant qu’il n’y aurait pas de fortes perturbations » sur le réseau ferré à Noël. « Assez », mais pas totalement. Il n’exclut pas des difficultés sur « certains axes TGV » et précise « travailler d’arrache-pied » pour les « minimiser ».
L’exécutif envoie des signes d’apaisement. Le renvoi de la présentation de la réforme des retraites au 11 janvier 2023 en est un. Tout comme la subvention de 300 millions d’euros promise par l’Etat aux régions et à Ile-de-France Mobilités : cela permettra aux autorités organisatrices ici et là d’accorder un peu de latitude aux sociétés de transport public sur les négociations salariales. Les revendications – et les sous-effectifs – nourrissent en effet des mouvements de grève un peu partout en France : à Dijon, à Bordeaux, à Toulon, au Mans, à Brest ou en région parisienne à la RATP, dans les ateliers de maintenance ferroviaire.
La direction de la SNCF, elle, se fait très discrète, quémandant du temps avant de donner des indications sur la circulation à venir des trains. Car elle mène en parallèle trois négociations sous tension. La première discussion concerne toute l’entreprise : c’est la négociation annuelle des salaires. La direction a émis une proposition que les organisations syndicales disent trouver insuffisante, mais qu’elles ne rejettent pas.
L’enveloppe globale progresserait de 5,9 % par le jeu des mesures générales et individuelles. La hausse générale des salaires est limitée à 2 %, mais chaque salarié se verrait attribuer une prime pérenne de 600 euros par an. Des augmentations individuelles de l’ordre de 2 % de la masse salariale sont aussi prévues ainsi qu’une revalorisation de 4 % des indemnités de nuit, dimanche et jours fériés et de 40 % pour l’indemnité de résidence là où les loyers sont élevés (Ile-de-France, Alpes-Maritimes, Savoie, Haute-Savoie).
« Des avancées réelles »
Il y a peu de chance que cet accord soit validé par une majorité syndicale, puisque le bureau fédéral de l’UNSA, deuxième organisation de la SNCF, a décidé de ne pas le ratifier. Il est jugé insuffisant dans le contexte inflationniste et l’UNSA, bien représentée chez les cadres, aurait préféré une plus forte augmentation générale de salaires plutôt qu’une prime forfaitaire. La CGT aussi. Cependant, aucun syndicat n’appelle à la grève pour rejeter la proposition de la direction. L’accord, ouvert à la signature jusqu’au jeudi 15 décembre, sera appliqué avec ou sans paraphe, selon la DRH. Ce n’est donc pas lui qui entraînera le blocage des trains.
Il vous reste 54.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.