Grandes écoles : les effectifs des classes prépas continuent de baisser
L'érosion, 2.000 inscrits de moins en un an, touche les filières scientifique et économique, alors que la filière littéraire, elle, se maintient.
« Il faut se soucier de petits signaux d'alerte que constituent les effectifs de certaines classes préparatoires », affirmait en fin d'année dernière le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye. Selon les chiffres que vient de publier le ministère de l'Enseignement supérieur, la diminution des effectifs se confirme encore cette année. Avec 81.200 inscrits en septembre, les classes préparatoires aux grandes écoles ont perdu plus de 2.000 élèves en un an. Une baisse de 2,6 %. En septembre 2021 déjà, les effectifs avaient baissé de 1,8 % par rapport à l'année précédente.
Cette érosion touche les filières scientifique et économique, qui enregistrent respectivement une chute du nombre d'inscrits de 3,2 % et 2,9 %. La filière littéraire est la seule à ne pas voir son nombre d'élèves baisser. Les effectifs de la rentrée 2022 y étaient stables (+0,2 %), mais, un an plus tôt, ils étaient orientés à la hausse (+2,2 %).
Moins de redoublements
La baisse globale de septembre 2022 porte sur les deux années de formation, précise le ministère. La diminution des effectifs de seconde année est liée à celle du nombre de redoublements pour cette même année (-9,8 %), notamment dans les filières scientifique (-11 %) et économique (-16 %) ; en filière littéraire, la baisse est moins forte (-2 %).
Le phénomène est d'une ampleur similaire dans les prépas scientifiques et économiques. Il touche autant les femmes (-3,4 %) que les hommes (-3,2 %) dans la filière scientifique, mais concerne davantage les femmes (-5,5 %) que les hommes (-0,2 %) pour la filière économique. Cette désaffection des étudiantes pour les prépas économiques et commerciales était déjà visible un an plus tôt (-8,1 %), tandis que le nombre d'hommes inscrits était resté quasiment stable (-0,6 %).
Les garçons attirés par la filière littéraire
Une autre évolution est à noter dans ce domaine. En filière littéraire, le nombre d'étudiantes est en légère baisse (-1,3 %), tandis que les effectifs masculins ont progressé de 4,1 % à la rentrée 2022. Ce qui confirme l'évolution observée en 2021 (+7,6 % de garçons).
Sur le plan géographique, la désaffection observée en classe préparatoire ne concerne pas vraiment l'Île-de-France, où les chiffres sont stables. En revanche, dans les autres capitales régionales métropolitaines et dans le reste de la France, les prépas attirent moins.
La publication de ces chiffres soulève, de nouveau, la question du « désamour de la prépa ». « Il est cohérent que les classes préparatoires aux grandes écoles s'interrogent sur la manière dont elles peuvent continuer à intéresser les jeunes », alertait la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, le mois dernier, dans le cadre du congrès de l'Association des proviseurs de classes préparatoires.
Marie-Christine Corbier