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Guerre en Ukraine: où en est la contre-offensive de Kiev?

Des soldats ukrainiens près de Bakhmout (Ukraine), le 7 mai 2023.

Des soldats ukrainiens près de Bakhmout (Ukraine), le 7 mai 2023. - Sergey Shestak

L'Ukraine a lancé en juin une contre-offensive destinée à reprendre les territoires occupés par la Russie, mais les gains restent pour le moment limités. Les autorités ukrainiennes avaient prévenu que l'opération risquait d'être longue.

Après presque un mois de contre-offensive en Ukraine, Kiev arrache toujours des succès kilomètre par kilomètre. L'armée ukrainienne revendique des gains dans le Sud et l'Est, même si l'opération fait face à une importante une défense russe.

Une "semaine difficile"

"La semaine dernière a été difficile sur le front, mais nous réalisons des progrès. Nous avançons pas à pas", a résumé lundi sur Telegram le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans son point de situation du 30 juin au 3 juillet, le ministère français des Armées note que "la contre-offensive ukrainienne se poursuit sur une majeure partie du front Est sans avancées notables".

"Les Russes sont dans une position défensive dans la zone Zaporijia-Donetsk, ce qui ne les empêche pas de mener des opérations périphériques (...) pour essayer de fixer des forces ukrainiennes. Les Ukrainiens font de même dans la région du Donbass ou encore traversent le Dniepr", a expliqué lundi à l'AFP l'historien militaire français Michel Goya.

"Cela fait un peu diversion, ça force les Russes à déplacer une partie de leurs forces", selon l'auteur de l'ouvrage "L'ours et le renard: histoire immédiate de la guerre en Ukraine".

Mais "en réalité, ces opérations de part et d'autre sont minuscules, elles ne changent rien au contexte stratégique", a-t-il estimé. "Ça fait 7 mois que le front n'a quasiment pas bougé. On est revenu à une pure guerre de position", a-t-il fait valoir, en raison de lignes de défense solides mais aussi d'un "manque de moyens d'appui", d'artillerie en particulier, pour neutraliser les défenses adverses et lancer l'infanterie et les chars.

Des gains dans l'Est et dans le Sud

La vice-ministre de la Défense Hanna Maliar a annoncé lundi sur Telegram que l'armée ukrainienne a repris au cours des sept derniers jours 28,4 kilomètres carrés dans le Sud et 9 kilomètres carrés dans l'Est, où elle combat notamment autour de la ville dévastée de Bakhmout.

De l'autre côté du front, l'armée russe a lancé des attaques dans les secteurs d'Avdiïvka, de Mariïnka et de Lyman, auquel s'ajoute depuis la fin de semaine dernière celui de Svatové, selon le message de la vice-ministre.

Face à ceux qui s'impatienteraient, le commandant de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny, a souligné la semaine dernière auprès du Washington Post qu'"il ne s'agit pas d'un spectacle". "Ce n'est pas un spectacle que le monde entier regarde, sur lequel il fait des paris ou quoi que ce soit d'autre. Chaque jour, chaque mètre est donné par le sang", a-t-il insisté.

"Sans un approvisionnement complet, ces plans ne sont pas du tout réalisables", a-t-il ajouté. "Mais ils sont mis en œuvre. Oui, peut-être pas aussi vite que les participants au spectacle, les observateurs, le souhaiteraient, mais c'est leur problème."

D'importants obstacles défensifs russes

"Une contre-offensive, c'est difficile. Il ne faut jamais croire qu'il s'agit d'une opération facile", a déclaré lundi l'amiral Rob Bauer, chef du comité militaire de l'Otan. "Il y a un nombre considérable de Russes en Ukraine. Il y a d'énormes obstacles défensifs", a-t-il insisté.

"Nous devrions nous tenir à l'écart des commentaires sur l'Ukraine en disant qu'ils devraient aller plus vite ou qu'il est décevant qu'ils n'aillent pas assez vite", a souligné le chef du comité militaire de l'OTAN.

Selon lui, les commandants ukrainiens ont raison d'être "prudents" et de tester les faiblesses dans les lignes russes, car ils risquent d'énormes pertes en cas d'assaut mal préparé.

"Nous effectuerons des opérations offensives intelligentes, et pour cette raison, la contre-offensive prendra du temps", avait prévenu le 22 juin le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal. "Malheureusement, pendant notre préparation pour cette contre-offensive, les Russes se sont aussi préparés. Il y a tellement de champs de mines que cela ralentit beaucoup l'avancée" des troupes, avait-il expliqué lors d'une conférence de presse à Londres.

S.C avec AFP