Législatives : le PS fait un pas vers les Insoumis... puis suspend les négociations

Dans un document de quatre pages, la direction du PS formule ses propositions pour trouver un accord à gauche pour les législatives. Propositions qui consistent en réalité à se ranger derrière le programme porté par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.

Les socialistes ont donné tous les gages possibles aux insoumis pour trouver un accord aux législatives. LP/Olivier Corsan
Les socialistes ont donné tous les gages possibles aux insoumis pour trouver un accord aux législatives. LP/Olivier Corsan

    Un changement majeur dans la ligne portée par le parti. Augmentation du smic à 1400 euros nets par mois, retraite à 60 ans, planification écologique, VIe République mais aussi non respect de « certaines règles » européennes : la direction du Parti socialiste a souscrit ce vendredi matin aux propositions du programme de La France insoumise en vue d’un accord aux législatives, dans un document rendu public ce vendredi.



    Dans ce texte de quatre pages, les socialistes, qui ont entamé des discussions mercredi avec LFI, ont présenté leurs « réponses » aux « douze marqueurs » mis en discussion par la formation de Jean-Luc Mélenchon, et font des propositions supplémentaires « dans la fidélité à nos fondamentaux et à nos priorités, en valorisant les convergences et sans cacher les différences », écrivent-ils. Concernant la « désobéissance aux traités européens », que souhaite LFI, les socialistes se disent « profondément attachés à la construction européenne », et « refuseront (t) de mettre en danger la construction européenne ».

    Mais ils estiment que « la mise en œuvre du programme que nous construisons conduira nécessairement à des tensions, à constater des contradictions, et à ne pas respecter certaines règles ». « Nous ne serons ni les premiers ni les derniers à le faire, en France comme en Europe », justifient-ils, évoquant le « besoin d’une rupture dans le cours libéral de la construction européenne, d’un nouveau projet au service de la transformation écologique et sociale ». Il s’agit là d’un bouleversement majeur dans l’histoire du parti, alors que le sujet européen était jusqu’à présent un point de clivage majeur entre les socialistes et les insoumis.

    Une « reddition en rase campagne »

    « Nous nous opposerons par exemple au retour du pacte de stabilité, considérons que l’objectif de souveraineté de la France et de l’Union Européenne dans de nombreux domaines rend nécessaire de déroger aux règles actuelles de concurrence et que la conférence sur l’avenir de l’UE doit conduire à une révision des traités », poursuivent-ils.

    Cette décision a déclenché de vives protestations. Sur Twitter, l’ancien Premier secrétaire du PS par intérim Rachid Temal a dénoncé une « reddition en rase campagne » et a appelé les militants à ne pas quitter le navire pour marquer leur opposition à la stratégie de la direction en interne.

    De son côté, la présidente de la région Occitanie a choisi de reprendre une citation de Pierre Mendès France, selon qui « La morale en politique interdit que stratégie et convictions divergent, fut-ce pour des motifs d’opportunité transitoire ».

    Face à temps d’émoi, la direction du Parti socialiste avait d’abord jugé bon de rappeler que ces « réponses » ne valaient en aucun cas accord. Ce texte, poursuivait le communiqué, « valorise des convergences, sans cacher nos différences, notamment sur la question européenne. Il est une contribution aux discussions en vue de rassembler la gauche et les écologistes autour d’un socle de propositions. La discussion ne fait que réellement commencer ».

    Quelques heures plus tard, la direction du Parti socialiste a finalement fait connaître au Parisien sa décision de suspendre les négociations conduites avec la France insoumise. Dans un message interne révélé par nos confrères de L’Express, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure évoquait la nécessité de « rompre avec toute logique hégémonique et accepter la pluralité. A ce stade nous n’en avons pas la garantie ». Le feuilleton continue.