Cancer du sein : seule une Européenne sur cinq connaît les liens entre la maladie et l’alcool

La branche européenne de l’organisation souligne le lien entre consommation d’alcool, même sans excès, et le développement de la pathologie, un danger encore largement ignoré par les femmes sur le continent. Pourtant, le nombre de cancers du sein n’a jamais été aussi haut en Europe.

La consommation d'alcool, même sans être excessive, augmente les risques de cancer du sein chez les femmes. LP/Paul Abran
La consommation d'alcool, même sans être excessive, augmente les risques de cancer du sein chez les femmes. LP/Paul Abran

    Une menace bien réelle, pourtant passée sous les radars. À peine plus d’une femme sur cinq en Europe sait que l’alcool est facteur de risque de cancer du sein, a mis en garde ce vendredi la branche européenne de l’OMS. Une maladie représentant un problème sanitaire « majeur » sur le continent, où 600 000 cas de cancer du sein ont été signalés en 2022, un chiffre record, alerte l’organisation à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. « La méconnaissance de ce lien constitue un obstacle important à la prévention du cancer et un défi pour la santé des femmes dans toute l’Europe », insiste-t-elle.

    Dans le détail, « 21 % des femmes de 14 pays européens ont conscience du lien entre la consommation d’alcool et le risque de développer un cancer du sein », note dans un communiqué l’OMS-Europe, qui rassemble 53 pays et s’étend jusqu’à l’Asie centrale. « La prise de conscience est encore plus faible chez les hommes : seuls 10 % connaissent ce lien », s’alarme-t-elle.

    Pourtant, ce lien est connu depuis longtemps par la communauté scientifique : « Les mécanismes biologiques liant l’alcool au cancer sont bien établis et étayés par des décennies de preuves provenant du monde entier », poursuit le document. « Pour les femmes en Europe, le cancer du sein est le principal cancer causé par l’alcool, représentant 66 % de tous les cas de cancers attribuables à l’alcool », relève ainsi l’institution onusienne.

    « Deux petits verres de vin par jour »

    Les mécanismes biologiques à l’œuvre sont « complexes et variés », mais les recherches montrent que l’alcool affecte notamment les niveaux d’œstrogène, une hormone qui joue un « rôle important » dans le développement de nombreux cancers du sein, ce qui « pourrait expliquer en partie le risque accru ».

    Même une consommation d’alcool relativement faible peut contribuer à accroître le risque, a prévenu l’OMS. « Plus de la moitié des cas de cancer du sein attribuables à l’alcool en Europe ne sont pas dus à une consommation excessive d’alcool, et environ un tiers des nouveaux cas annuels sont dus à une consommation équivalente à deux petits verres de vin par jour », précise le communiqué.



    Il importe donc de changer les habitudes de consommation d’alcool à travers l’Europe, qui n’ont pas varié depuis 2010, a insisté l’organisation. La région « présente les niveaux de consommation d’alcool les plus élevés au monde, avec un décès sur dix lié à l’alcool », a alerté auprès de l’AFP le directeur régional de l’organisation, Hans Kluge.

    « La réduction ou la limitation de notre consommation d’alcool est un excellent point de départ pour réduire les effets néfastes et donner la priorité à la santé », a-t-il ajouté. Au-delà de ces recommandations aux consommateurs, l’OMS/Europe juge « de plus en plus urgent que les gouvernements agissent immédiatement » et appelle ainsi à de nouvelles politiques publiques.

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    Pour prévenir des facteurs de risque de cancer, elle « demande instamment aux pays d’apposer des avertissements clairs sur les produits alcoolisés, comme ils le font déjà pour les produits du tabac », a poursuivi Hans Kluge. « Les femmes de toute l’Europe ont le droit de connaître le lien entre l’alcool et le cancer, en particulier le cancer du sein », martèle le communiqué, qui relève que des « comportements plus sains » permettraient d’éviter « jusqu’à 4 nouveaux cas de cancer sur 10 ».

    L’étude présentée par sa branche européenne portait sur l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, l’Estonie, la France, l’Irlande, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovénie et la Suède. À l’échelle mondiale, avec 2,3 millions de cas signalés en 2022, le cancer du sein est le deuxième cancer le plus fréquemment détecté, selon l’OMS.