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Recherches infructueuses pour retrouver le sous-marin disparu en explorant l’épave du « Titanic », des doutes existaient concernant la sûreté de l’appareil

Selon les gardes-côtes américains, il reste « environ 40 heures » d’oxygène dans le « Titan », ce petit submersible touristique disparu depuis dimanche dans l’océan Atlantique. L’Ifremer a dépêché un navire et un robot, tandis que l’océanaute Paul-Henri Nargeolet était à bord du « Titan ».

Le Monde avec AP et AFP

Publié le 20 juin 2023 à 19h57, modifié le 21 juin 2023 à 05h05 (republication de l’article du 19 juin 2023 à 18h30)

Temps de Lecture 5 min.

Le submersible « Titan », d’OceanGate Expeditions.

Les gardes-côtes américains et canadiens poursuivaient, mardi 20 juin, les opérations de recherche du Titan, un petit sous-marin touristique porté disparu dans l’océan Atlantique, au large de l’Amérique du Nord, alors qu’il était engagé dans une expédition sur la zone du naufrage du Titanic avec cinq personnes à son bord : un Américain, un Britannique, deux Pakistanais et l’océanaute français Paul-Henri Nargeolet, spécialiste de l’épave.

Pour l’instant, les recherches pour le retrouver n’ont « donné aucun résultat », ont annoncé les gardes-côtes américains en début de soirée, ajoutant qu’il reste « environ 40 heures » d’oxygène dans le submersible disparu.

L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a dérouté son navire Atalante, équipé d’un robot sous-marin pour grande profondeur, vers le site de l’Atlantique Nord où a disparu le sous-marin, a annoncé mardi le secrétaire d’Etat chargé de la mer. L’Atalante, en mission, devrait arriver sur la zone mercredi vers 20 heures (heure de Terre-Neuve), avant que des opérateurs dépêchés depuis Toulon fassent plonger le robot vers l’épave, qui se trouve à près de quatre mille mètres de profondeur. Le sous-marin disparu, Titan, avait entamé sa plongée dimanche avec un équipage de cinq membres et une autonomie de quatre-vingt-seize heures.

Lire le portrait  : Article réservé à nos abonnés L’océanaute Paul-Henri Nargeolet, « Monsieur Titanic »

Mission de recherche et de sauvetage lancée

Les autorités ont été averties dimanche par l’opérateur de l’engin, OceanGate Expeditions, société privée exploitant le submersible, que celui-ci avait disparu au large du Canada, au cours d’un voyage organisé pour approcher l’épave du Titanic. « L’équipage du Polar-Prince [un bateau de l’entreprise] a perdu le contact avec eux environ une heure et quarante-cinq minutes après le début de la plongée », a détaillé, lundi soir, un porte-parole des gardes-côtes américains. OceanGate Expeditions, a annoncé, lundi, dans un communiqué qu’elle « explore et mobilise toutes les options » pour ramener l’équipage en toute sécurité.

Le contre-amiral John Mauger, responsable des gardes-côtes des Etats-Unis, a expliqué, lundi, au cours d’une conférence de presse, que trois avions américains et deux canadiens étaient mobilisés pour retrouver le sous-marin. Les recherches du submersible, qui jusqu’ici se focalisaient sur la surface de l’océan, ont désormais aussi lieu sous l’eau, a-t-il annoncé mardi dans l’émission « Good Morning America » d’ABC News.

Un avion canadien P-3 a également largué des bouées acoustiques dans la zone où le Titanic s’est abîmé pour tenter d’enregistrer d’éventuels sons produits par le Titan, qui mesure environ 6,50 mètres. Des bateaux et des avions à la recherche de ce submersible ont désormais inspecté 13 000 kilomètres carrés, a ajouté le contre-amiral Mauger. La zone de recherche est située à plus de 1 450 kilomètres de la côte de l’Etat du Massachusetts – et à une profondeur de près de quatre kilomètres.

Le temps est désormais un facteur critique pour retrouver les passagers du sous-marin. « C’est une région lointaine, et il est compliqué de mener des recherches dans une telle zone », a ajouté John Mauger. Frank Owen, un ancien officier sous-marinier a expliqué à la BBC que le défi pour les personnes à bord est de garder leur sang-froid et de ne pas consommer trop d’oxygène.

Le président américain, Joe Biden, souhaite que les gardes-côtes, un corps des forces armées, poursuivent leurs recherches et la marine pourra être mobilisée si nécessaire, a assuré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.

Une exploration à 250 000 dollars la place

L’épave du Titanic, dont 1 500 des 2 200 passagers ont péri en 1912 après une collision avec un iceberg, se trouve à 3 810 mètres (12 500 pieds) au fond de l’Atlantique, à près de 600 kilomètres des côtes de Terre-Neuve, au Canada. OceanGate Expeditions facture à ses clients 250 000 dollars (230 000 euros) pour une place à bord de son sous-marin et pour huit jours afin de voir la célèbre épave.

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Cette expédition d’OceanGate était la troisième organisée sur le site du transatlantique naufragé pour documenter sa détérioration et sa vie sous-marine. Le voyage devait partir au début de mai de St John’s, à Terre-Neuve-et Labrador, et se terminer à la fin de juin, selon un document judiciaire déposé par la société en avril auprès du tribunal de district américain de Virginie qui préside les affaires du Titanic.

L’entreprise a recours au Polar-Prince, un brise-glace auparavant exploité par les gardes-côtes canadiens, pour transporter des dizaines de personnes et l’engin submersible vers le site de l’épave. Le submersible peut accueillir cinq personnes, selon la société, dont un pilote, trois passagers payants et un « expert ».

Qui est à bord ?

Parmi les passagers se trouve le riche homme d’affaires, aviateur et touriste spatial britannique Hamish Harding, 58 ans, PDG d’Action Aviation, a confirmé, mardi dans un communiqué, l’entreprise de vente de jets privés basée à Dubaï. « L’équipage du sous-marin est composé de quelques explorateurs légendaires, dont certains ont effectué plus de trente plongées sur le Titanic depuis les années 1980 », a écrit M. Hamish sur son compte Instagram samedi en annonçant sa participation au voyage.

Il ajoutait que le spécialiste français du Titanic, l’océanaute Paul-Henri Nargeolet, faisait également partie de l’expédition, ce qu’a confirmé sa famille sur BFM-TV. Originaire de Haute-Savoie et aujourd’hui âgé de 77 ans, cet explorateur des fonds marins a effectué la première partie de sa carrière comme officier de marine. Commandant du groupe de plongeurs-démineurs de Cherbourg (Manche, nord-ouest de la France), il devient ensuite pilote de sous-marins au Groupe d’intervention sous la mer, dépendant de la Marine nationale française. De là il passe à l’archéologie maritime, avec la fouille de plusieurs épaves, au sein de l’association du Groupe de recherche d’archéologie navale. En 1986, il devient responsable des sous-marins d’intervention profonde de l’Ifremer. Depuis 2007, il est directeur du programme de recherche de la société RMS Titanic/Phoenix International, qui possède l’épave. L’ancien plongeur-démineur a travaillé sur des dizaines d’opérations de récupération d’épaves, dont celles de l’AF447, le vol d’Air France Rio-Paris tombé au large du Brésil en 2009.

Selon la BBC, qui cite un communiqué de sa famille, l’homme d’affaires pakistanais Shahzada Dawood, 48 ans, vice-président du conglomérat Engro et administrateur de l’Institut SETI, et son fils Suleman, 19 ans, sont aussi à bord.

Enfin, l’entreprise OceanGate Expeditions, organisatrice du voyage et dont le patron américain, Stockton Rush, est aussi à bord, a assuré « explorer et mobiliser toutes les options pour ramener l’équipage en toute sécurité ».

Une plainte déposée et des doutes sur la sûreté

Au moment où ces efforts montent en puissance, des médias américains ont fait état mardi d’une ancienne plainte de 2018, vue également par l’Agence France-Presse, montrant qu’un ancien dirigeant de l’entreprise OceanGate Expeditions, David Lochridge, avait été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté du sous-marin.

Le scénariste américain Mike Reiss, producteur de la célèbre série « Les Simpson », est déjà parti trois fois avec OceanGate Expeditions dont une fois en 2022 à bord du même submersible que celui qui a disparu, a-t-il raconté lundi sur la BBC. Une expérience totalement déroutante, car « on perd presque toujours la communication et on se retrouve à la merci des éléments et ce genre de trucs ».

D’après lui, chacun est parfaitement conscient des dangers encourus : « Il faut signer une décharge avant de monter et la mort est mentionnée à trois reprises en page une. Ce ne sont pas des vacances en autocar, ça peut mal tourner ».

Sans avoir étudié l’engin lui-même, Alistair Greig, professeur d’ingénierie marine au University College London, a évoqué deux théories possibles sur la base des images de l’appareil publiées par la presse. Il estime que s’il a eu un problème d’électricité ou de communication, il pourrait être remonté à la surface, flottant « en attendant d’être retrouvé ». « Un autre scénario est que la coque a été compromise », et qu’il y ait eu une fuite. « Alors le pronostic n’est pas bon », a-t-il ajouté. Et « très peu de vaisseaux peuvent aller » à la profondeur à laquelle il pourrait avoir coulé, selon lui.

SkyNews explique pour sa part qu’en temps normal, le sous-marin émet un signal toutes les quinze minutes pour signaler qu’il est en sécurité. Mais la chaîne britannique croit savoir que ces signaux ont cessé.

Le journaliste de CBS, David Pogue, qui a voyagé à bord du submersible l’année dernière, a précisé à la BBC que les passagers étaient enfermés à l’intérieur de la capsule principale, verrouillée par des boulons et ne pouvaient en sortir seuls. Sur Twitter, il a rappelé que l’engin « s’est perdu pendant quelques heures l’été dernier, lorsque j’étais à bord ».

Le Monde avec AP et AFP

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