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Allemagne

Fusillade à Hambourg : 8 morts dans un centre des Témoins de Jehovah, «pas d’indices» d’un motif «terroriste»

Un ancien membre de ce mouvement sectaire a ouvert le feu lors d’un rassemblement jeudi soir dans la ville portuaire de nord de l’Allemagne, avant de se donner la mort.
par LIBERATION et AFP
publié le 9 mars 2023 à 23h15
(mis à jour le 10 mars 2023 à 12h51)

La scène a été qualifiée de «bain de sang» par le quotidien allemand Bild. Une fusillade a fait 8 morts et plusieurs blessés graves jeudi soir dans un centre des Témoins de Jéhovah à Hambourg. L’auteur présumé de la tuerie était lui-même un ancien membre de la communauté, avec laquelle il était en conflit, a précisé vendredi la police. «Il n’y a pas d’indices d’un contexte terroriste», a de son côté affirmé lors d’une conférence de presse un représentant du parquet de Hambourg.

«L’auteur s’est enfui au premier étage» du bâtiment où étaient rassemblés des membres de la communauté «pour une séance de prière», «et s’est donné la mort», a déclaré le ministre de l’Intérieur de la ville Etat de Hambourg Andy Grote, soulignant que parmi les victimes figurait une femme enceinte de sept mois.

Des Témoins de Jéhovah prenaient part depuis 19 heures à un rassemblement hebdomadaire consacré à l’étude de la Bible, selon le quotidien Hamburger Abendblatt. Les forces de l’ordre «ont été appelées vers 21 h 15 pour des coups de feu tirés dans le bâtiment» de trois étages, situé dans le quartier de Gross Borstel, au nord de la deuxième plus grande ville d’Allemagne, a rapporté un porte-parole de la police sur la chaîne NTV.

Les forces d’intervention ont «pénétré très rapidement dans l’immeuble et y ont trouvé des morts et des blessés graves», selon ce porte-parole. A l’intérieur, les agents ont également entendu un coup de feu «provenant de la partie supérieure de l’immeuble» et ont trouvé une autre personne, a poursuivi le porte-parole. L’Office fédéral de protection civile a levé dans la nuit, peu après 3 heures locales, l’alerte officielle de danger déclenchée en cas d’attaque pour dissuader les habitants de sortir de chez eux.

Fondés au XIXe siècle aux Etats-Unis, les Témoins de Jéhovah se considèrent comme les héritiers du christianisme primitif et font constamment et uniquement référence à la Bible. Le statut de l’organisation varie d’un pays à l’autre : ils sont considérés au même titre que les «grandes» religions en Autriche et en Allemagne, qui compte environ 175 000 membres de cette confession, dont 3 800 à Hambourg, selon le site des Témoins. En France, nombre de leurs branches locales ont le statut d’«association cultuelle», et ce mouvement rigoriste est régulièrement accusé de dérives sectaires.

Double menace

Si les premiers indices des enquêteurs les mènent plutôt vers un motif personnel, les autorités allemandes restent sur le qui-vive ces dernières années face à une double-menace terroriste, le jihadisme et l’extrémisme de droite.

L’Allemagne a été victime d’attaques jihadistes, en particulier un attentat au camion-bélier à Berlin revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016. Cette attaque jihadiste est la plus meurtrière jamais commise sur le sol allemand. Depuis 2013 et jusqu’à fin 2021, le nombre d’islamistes considérés comme dangereux se trouvant en Allemagne a été multiplié par cinq pour s’établir actuellement à 615, selon le ministère de l’Intérieur. Celui des salafistes est lui évalué à environ 11 000, soit deux fois plus qu’en 2013.

Une autre menace pèse sur l’Allemagne, incarnée par l’extrême droite, après plusieurs attaques meurtrières ces dernières années visant des lieux communautaires ou religieux. Dans l’attentat raciste de Hanau, près de Francfort (ouest), perpétré en février 2020, un Allemand impliqué dans la mouvance complotiste avait abattu neuf jeunes, tous d’origine étrangère. En 2019, un extrémiste avait tenté de commettre un carnage dans une synagogue de Halle le jour de la fête juive de Yom Kippour. Il n’avait pu entrer dans le lieu de culte mais avait tué deux passants avant d’être interpellé.

Mise à jour : vendredi 10 mars à 12 h 51, avec davantage de précisions des autorités allemandes.

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