Sur la base du dépouillement de 98 % des bureaux de vote, Vladimir Poutine, 71 ans, “s’est arrogé dimanche un cinquième mandat présidentiel, recueillant plus de 87 % des suffrages, avec un taux de participation officiel supérieur à 74 %”, rapporte Meduza.

“Poutine est au pouvoir en Russie depuis près d’un quart de siècle et son prochain mandat court jusqu’en 2030, date à laquelle il sera libre de se présenter à nouveau aux élections, grâce aux amendements constitutionnels adoptés en 2021”, précise le journal russe en exil.

C’est un résultat “jamais vu en vingt-quatre ans de pouvoir”, renchérit La Repubblica, relevant que si Poutine arrive au terme de son mandat en 2030, “il dépassera Joseph Staline” en termes de longévité. Autant dire que “l’Occident devra composer encore longtemps avec l’ancien agent du KGB”.

“Vladimir Poutine voulait un plébiscite, il l’a eu”, constate pour sa part Le Temps. “À l’issue de ces trois jours de vote, du 15 au 17 mars, son score a atteint des sommets encore inégalés, tout comme le taux de participation, preuve s’il en est de la mobilisation du peuple russe derrière son président”.

Adversaires écrasés

Pour l’édition européenne de Politico, “il ne fait aucun doute” que Poutine utilisera ces résultats – qui dépassent même “les prédictions pro-Kremlin les plus optimistes” – comme “preuve d’un soutien massif” de ses compatriotes. “Mais une élection aussi faussée – au cours de laquelle tous les adversaires ont été écrasés et même les morts ont peut-être voté pour Poutine – risque de saper la stabilité politique à laquelle il aspire.”

El País et le Washington Post n’hésitent pas à parler de “farce électorale”, le quotidien américain précisant que “des groupes d’observateurs en exil ont signalé des bourrages d’urnes”, des “intimidations d’électeurs dans certains bureaux de vote”, ainsi que plusieurs autres “tentatives de manipulation”.

Après l’annonce des résultats officiels, Poutine s’est offert “un tour d’honneur télévisé”, avant de donner “une conférence de presse fanfaronne après minuit, au cours de laquelle il a commenté pour la première fois la mort du chef de l’opposition emprisonné Alexeï Navalny”,
écrit le New York Times.

“C’est la vie”

El País souligne que le président russe “n’a donné aucun détail sur la mort subite de l’opposant” et a assuré avoir voulu “l’échanger” avec les Occidentaux, peu avant sa mort, à la condition “qu’il ne revienne pas” en Russie. L’échange ne s’est pas produit et la mort de l’opposant est un “malheureux incident”, a-t-il commenté. “C’est la vie.”

Lors de cette conférence de presse, Vladimir Poutine a semblé “plus enhardi que jamais, renforçant sa confrontation avec l’Occident et montrant sa volonté de poursuivre l’escalade des tensions”, analyse le New York Times. Alors qu’on lui demandait notamment “s’il croyait qu’un conflit à grande échelle entre la Russie et l’Otan était possible”, il a répondu : “Je pense que, dans le monde d’aujourd’hui, tout est possible.”

“Seule ombre au tableau voulu par le Kremlin, le succès de l’opération Midi contre Poutine, qui a vu des milliers de Russes se mobiliser à travers le pays et dans le monde”, à l’appel de Ioulia Navalnaïa, la veuve d’Alexandre Navalny, remarque Le Temps.

Cette dernière a voté à Berlin et “a déclaré avoir écrit le nom de son mari sur son bulletin de vote déposé à l’ambassade de Russie dans la capitale allemande”, avant de “remercier tous ceux qui s’étaient prononcés en faveur de l’opposition”, rapporte The Independent.