En France, les Ouïghours manifestent contre la visite d'État du président chinois Xi Jinping

Winnie l'Ourson et Napoléon attablés autour d'un verre de vin. C'est ainsi qu'est parodiée la rencontre de ce lundi entre Xi Jinping, sous les traits de Winnie l'Ourson, et Emmanuel Macron - Napoléon dans cette pièce de théâtre. Le personnage de dessin animé Winnie l’Ourson est banni en Chine, car il est utilisé sur les réseaux sociaux pour se moquer du chef de l'État.

À lire aussiVisite de Xi Jinping en France : la Chine espère un « moment de détente » avec l’Europe

La présidente de l’Institut ouïghour d’Europe, Dilnur Reyhan, dénonce la visite d’État de Xi Jinping en France. « Dans un contexte où Emmanuel Macron bannit Vladimir Poutine, comment peut-il recevoir le responsable du génocide d’un peuple ?, s’indigne-t-elle auprès de Killian Tanguy, notre journaliste sur place. La vie des Ouïghours ne vaut rien aux yeux de notre président. Il préfère le bourreau ! »

Au cours de cette visite de deux jours, Jean-Claude Samouiller, le président d'Amnesty International France, espère que la question des droits humains sera abordée. « Cette année marque la 35ᵉ commémoration du massacre de Tiananmen », rappelle-t-il. Cela fait également dix ans que l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti est en prison. « Tous ces anniversaires doivent être commémorés », juge-t-il.

Depuis 2017, plus d'un million de Ouïghours ont été transférés dans des « camps de rééducation », selon plusieurs ONG internationales.

Être « ferme »

Les Ouïghours sont le peuple à majorité musulmane habitant la région du Xinjiang en Chine. En janvier 2022, l'Assemblée nationale française a adopté une résolution dénonçant le « génocide » des Ouïghours par la Chine, en demandant au gouvernement français d'en faire de même.

Après sa visite d'État en France, Xi Jinping se rendra en Serbie puis en Hongrie, dans un contexte de tensions commerciales et stratégiques avec l’Europe. 

De son côté, le député européen Raphaël Glucksmann, fervent défenseur de la cause des Ouïghours, appelle le président Emmanuel Macron à être « ferme » face à la Chine et à « ne pas se taire face aux crimes commis là-bas », au démarrage de le visite de Xi Jinping. « Il ne s'agit pas de ne plus parler à la Chine ou de ne pas recevoir de dirigeants chinois, mais il s'agit d'être ferme, de ne pas se taire face aux crimes commis là-bas ou aux attaques menées ici, d'assumer les rapports de forces », écrit la tête de liste PS-Place publique aux européennes dans une tribune parue dans Le Monde.

Pour sa part, la tête de liste de la majorité macroniste aux élections européennes Valérie Hayer estime que la Chine commet « un génocide » contre la minorité musulmane des Ouïghours et a appelé à avoir « un dialogue de vérité » avec le président chinois Xi Jinping, en visite d'Etat en France. « Quand on parle d'internement, quand on parle de stérilisations forcées, d'effacement de la langue et de la culture... oui, on peut penser qu'il s'agit d'un génocide (...) même si c'est à la justice internationale de trancher », a répondu Mme Hayer, interrogée sur Sud Radio.

À lire aussiEn tournée européenne, Xi Jinping n’a pas choisi Paris, Belgrade et Budapest au hasard