Covid-19 : la quatrième dose de vaccin désormais ouverte à partir de 60 ans, annonce Olivier Véran

Jusqu’à présent, seuls les plus de 80 ans et les résidents d’Ehpad étaient éligibles à la deuxième dose de rappel. Le ministre de la Santé annonce que ce seuil est désormais abaissé à 60 ans.

Cette deuxième dose de rappel vise à faire remonter la protection vaccinale à un niveau très élevé. AFP/Stéphane de Sakutin
Cette deuxième dose de rappel vise à faire remonter la protection vaccinale à un niveau très élevé. AFP/Stéphane de Sakutin

    Plusieurs millions d’habitants invités à tendre le bras une fois supplémentaire. Déjà ouverte aux plus de 80 ans et aux résidents d’Ehpad, la deuxième dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 (souvent dite « quatrième dose ») va désormais être proposée à toute personne âgée d’au moins 60 ans, annonce ce jeudi matin sur RTL Olivier Véran. Elle devra être administrée au moins six mois après la dernière injection reçue, uniquement « si [la personne] le souhaite », a-t-il précisé. Le but est de faire remonter la protection vaccinale, qui diminue au fil des mois après une première dose de rappel chez les habitants les plus âgés.

    « Les rendez-vous sont ouverts dès aujourd’hui et la vaccination peut être effectuée en centre de vaccination, dans une officine, un cabinet ou à domicile », indique le ministère de la Santé. L’entourage d’Olivier Véran nous précise que les personnes ayant attrapé le Covid au moins trois mois après leur premier rappel n’auront pas à en recevoir de deuxième. Celles infectées moins de trois mois après cette première dose de rappel devront attendre au moins six mois pour recevoir la deuxième.

    Avec cette décision, le ministre de la Santé va plus loin que ce que préconisent les instances scientifiques. Dans un communiqué rendu public ce mercredi, l’Agence européenne des médicaments pointait l’absence de « preuve claire que la protection vaccinale contre les formes graves diminuait considérablement chez les adultes ayant un système immunitaire normal, âgés de 60 à 79 ans, et donc de preuve claire pour soutenir l’administration immédiate d’une quatrième dose ».

    La HAS propose dès 65 ans, sous conditions

    Le 18 mars, la Haute Autorité de santé recommandait de son côté une deuxième dose de rappel pour tous les plus de 80 ans, ainsi que pour les 65-79 ans volontaires et qui souffrent de pathologies les plus sévères (trisomie 21, handicaps graves, transplantés ou insuffisants rénaux, etc.) ou d’au moins trois comorbidités plus « classiques » (obésité, diabète, etc.). Olivier Véran va donc plus loin, puisque aucune condition n’est fixée.



    La protection vaccinale contre l’hospitalisation avec une seule dose de rappel s’étiole malgré tout au fil du temps dès l’âge de 60 ans, d’après les dernières données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), mises en ligne vendredi 1er avril. Chez les 60-79 ans, nombreux à avoir reçu un premier rappel à la fin de l’année 2021, l’efficacité passait d’environ 85 % durant les trois premiers mois à un peu plus de 60 % au bout de trois mois.

    Ces données sont cependant à prendre avec beaucoup de précautions, vu qu’elles ne prennent en compte ni les comorbidités ni l’immunité naturelle à la suite d’une infection. D’après l’agence sanitaire britannique, trois mois et demi après un premier rappel, l’efficacité vaccinale contre l’hospitalisation restait proche de 80 % chez les plus de 65 ans.

    Reste qu’un « booster » supplémentaire semble avoir un impact très important. D’après une récente étude israélienne (dont les résultats n’ont pas encore été relus par des pairs), le risque de décéder du Covid-19 était réduit de 78 % chez les plus de 60 ans ayant reçu quatre doses de vaccin par rapport à ceux restés à trois injections.

    Bientôt un deuxième rappel pour tous ?

    Avec ce passage de l’âge limite à 60 ans, la France s’aligne sur le choix fait dès le mois de janvier dernier par Israël. Les États-Unis proposent de leur côté une quatrième dose dès 50 ans, l’Allemagne à partir de 70 ans, tandis que l’Angleterre débute à 75 ans. Au 6 avril, 375 000 deuxièmes doses de rappel avaient été administrées en France.

    Reste à savoir si, comme pour le premier rappel l’automne dernier, le deuxième finira par être élargi à toute la population majeure. La HAS estime que ce ne serait « pas pertinent » à ce stade. Les raisons sont nombreuses : « les différentes données disponibles et le recul encore limité sur la baisse dans le temps de la protection vaccinale d’un premier rappel, les incertitudes relatives à la persistance de l’efficacité vaccinale d’un second rappel, et les enjeux d’acceptabilité par la population de campagnes de rappels successives et rapprochées ». La fameuse « fatigue vaccinale » avec laquelle le gouvernement doit aussi composer, surtout en période électorale.