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Attaques de drones en Ukraine: pour Michel Goya, les Russes "n'ont plus beaucoup de missiles"

Selon l'historien militaire, les Russes "manquent de capacités de frappe", alors que le territoire ukrainien fait l'objet de la "plus grande attaque de drones" depuis le début du conflit.

L'Ukraine a intercepté 37 missiles de croisière et 29 drones de combat russes pendant une nouvelle attaque nocturne de Moscou, a indiqué ce lundi le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny. Le territoire ukrainien fait face à "la plus grande attaque de drones" russes sur ses villes, estime Michel Goya, historien militaire et ancien officier des troupes de marine, invité du "Face à Face" sur BFMTV-RMC ce lundi.

Les drones ne vont "pas paralyser le réseau électrique"

Pour lui, ce type d'attaques signifie que les Russes "n'ont plus beaucoup de missiles", et qu'ils "ne sont plus capables" de faire avec des missiles "toutes les salves de frappes" qu'ils effectuaient "régulièrement" depuis plusieurs mois. Depuis "un certain temps déjà", les Russes "manquent de capacités de frappe", estime-t-il.

"Avec des drones, vous n'allez pas paralyser le réseau électrique", insiste Michel Goya. "Un drone, c'est l'équivalent d'un obus d'artillerie. Les obus d'artillerie, les Russes en utilisent des milliers tous les jours sur la ligne de front", fait-il valoir.

Ces frappes, qui n'ont pas un impact aussi important que les attaques avec des missiles, permettent néanmoins à la Russie de "montrer qu'ils ont une action sur les Ukrainiens, qu'ils ne se contentent pas de subir ou d'attendre sur la ligne de front", juge l'historien militaire. C'est aussi une manière de "détourner les moyens de la ligne de front", en les déployant pour défendre les villes ukrainiennes.

Une "guerre de robots" dans le ciel

Il observe toutefois une "guerre de robots" dans le ciel, "par des drones, des missiles". Cela s'explique par le fait que "le ciel est trop dangereux pour les avions", selon Michel Goya. Donc "on fait des frappes en profondeur avec d'autres moyens", des frappes "utiles pour essayer d'affaiblir l'adversaire".

Elles ne sont "pas suffisament puissantes pour détruire complètement les possibilités adversaires", bien qu'elles fassent tout de même des dégâts et des victimes. Elles sont surtout "très largement symboliques, pour montrer que le territoire de l'adversaire est accessible".

La Biélorussie a par ailleurs annoncé, la semaine dernière, qu'un transfert d'armes nucléaires tactiques russes vers son territoire avait débuté. "Matériellement" et "militairement", ce transfert "ne change rien", selon Michel Goya, sauf à "prendre en otage" ce pays voisin de la Russie, également son allié. L'historien militaire évoque une "réponse politique" au fait que "les Américains ont eux-mêmes des armes nucléaires de faible puissance qui sont déployées en Europe, en Allemagne" notamment.

Contre-offensive ukrainienne imminente ?

L'Ukraine, si elle veut gagner, doit "casser le front", avec "une grande victoire", souligne Michel Goya, estimant que la date butoir pour cette fin de conflit devrait être d'ici à un an, et les élections américaines. Cette opération, dont certains signaux peuvent donner le sentiment qu'elle est imminente, est cruciale pour les Ukrainiens.

Elle doit réussir, même si cela "ne sera pas suffisant" selon lui. L'historien militaire estime en revanche que si l'offensive ukrainienne échouait, "un doute va s'installer", et l'Ukraine "peut perdre la guerre".

Sur le terrain, un site militaire de l'ouest de l'Ukraine a été touché par une frappe russe durant la nuit de dimanche à lundi, a indiqué l'administration régionale de Khmelnytsky dans une rarissime déclaration publique à ce sujet.

"Les troupes russes ont frappé plusieurs sites dont un militaire dans la région de Khmelnytsky", a indiqué l'administration sur Telegram. Elle a fait état d'"incendies dans des dépôts de combustible" et de "cinq appareils volants mis hors service", sans donner plus de détails.

Marine Ledoux