Un manifestante proteste contre la menace d’interdiction de TikTok devant le Congrès, à Washington, le 13 mars 2024.
Un manifestante proteste contre la menace d’interdiction de TikTok devant le Congrès, à Washington, le 13 mars 2024. Photo Craig Hudson/REUTERS

Réseaux sociaux. TikTok à nouveau menacé d’interdiction aux États-Unis

La Chambre des représentants a adopté mercredi un projet de loi obligeant le chinois ByteDance, maison mère de TikTok, à vendre son activité aux États-Unis, sous peine d’interdiction pure et simple. Le texte, encore en attente de vote au Sénat, suscite la fureur et l’inquiétude de dizaines de millions d’utilisateurs de la plateforme.

Le projet de loi, adopté par 352 voix contre 65, a reçu le soutien de “l’écrasante majorité” des parlementaires, unis dans un rare élan bipartisan pour “sévir contre l’application”, observe le Wall Street Journal. Preuve supplémentaire de sa popularité, le texte “est arrivé à la Chambre en un temps record, après avoir été approuvé à l’unanimité en commission, où la discussion n’a duré qu’une semaine”, précise La Stampa.

La proposition des représentants, qui devra encore être adoptée par le Sénat, puis promulguée par le président américain Joe Biden, donne six mois au groupe chinois ByteDance pour vendre TikTok aux États-Unis, sous peine d’être exclue des boutiques d’applications d’Apple et de Google sur le territoire américain.

C’est peu ou prou ce qu’avait cherché à obtenir Donald Trump en 2020, lorsqu’il était à la Maison-Blanche, mais le projet avait alors été bloqué par les tribunaux.

TikTok estime que le projet de loi s’apparente “de fait à une interdiction, car séparer l’application de sa partie américaine” ne serait simplement “pas viable”, rapporte le Wall Street Journal. “Nous espérons que le Sénat va prendre en compte les faits, écouter ses administrés et réaliser l’effet [d’une interdiction] sur l’économie”, a réagi la plateforme.

Atteinte à la liberté d’expression

Les autorités américaines affirment que, grâce à TikTok, Pékin peut collecter des milliards de données sur les utilisateurs Américains et influencer l’opinion publique. Des accusations rejetées depuis des années par la plateforme, qui assure n’avoir aucun lien avec le gouvernement chinois.

Cité par NBC News, le président républicain de la Chambre, Mike Johnson, s’est félicité du vote de mercredi, qui “montre l’opposition du Congrès aux tentatives de la Chine communiste d’espionner et de manipuler les Américains, et constitue un signe de notre détermination à dissuader nos ennemis [de nous nuire]”.

Des arguments insuffisants pour les élus opposés au texte – eux aussi de tous bords, puisqu’on y trouve la championne de l’aile gauche du Parti démocrate Alexandria Ocasio-Cortez et la trumpiste Marjorie Taylor Greene –, qui dénoncent entre autres la précipitation du processus législatif et une atteinte à la liberté d’expression.

La semaine dernière, dans l’espoir de faire plier la Chambre, “TikTok avait envoyé des notifications aux utilisateurs américains, leur demandant d’appeler leurs représentants pour qu’ils bloquent l’interdiction”, raconte Gizmodo. La démarche “a eu l’effet inverse, en provoquant la colère des membres du Congrès, inondés d’appels téléphoniques”, mais elle a aussi “mis en évidence l’emprise de TikTok sur les Américains”, remarque le site.

Impact sur la présidentielle ?

De fait, la plateforme de vidéos compte quelque 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, et si elle permet à ces derniers “de communiquer avec d’autres utilisateurs, de s’informer, de se divertir et de faire des affaires”, elle est “aussi devenue un mode de vie pour ces milliers d’utilisateurs, qui se font appeler ‘créateurs de contenu’”, souligne El País.

Ces tiktokeurs professionnels sont eux aussi montés au créneau en demandant notamment à leurs abonnés de faire du bruit au Congrès, car “quand on compte sur la plateforme pour gagner sa vie, une nouvelle menace d’interdiction de TikTok n’a rien de drôle”, remarque TechCrunch.

Interrogée par le site, la créatrice de contenu Sarah Philips considère même que “l’incapacité des législateurs à prendre au sérieux les préoccupations des utilisateurs de TikTok pourrait avoir des conséquences majeures sur le prochain cycle électoral”.

“Il y a un certain nombre de sujets sur lesquels le Congrès pourrait se concentrer en ce moment”, et cette nouvelle menace d’interdiction de TikTok “ressemble beaucoup à une gesticulation politique”, déclare-t-elle. “Je ne vois pas comment cela pourrait ne pas avoir d’impact sur l’élection.”

“Bal des hypocrites”

Le Temps a justement observé “l’attitude des deux candidats à la présidentielle américaine face à TikTok”. Et pour le titre suisse, c’est le “grand bal des hypocrites”.

“D’un côté, Joe Biden a apporté son soutien à ce projet de loi”, affirmant que “si la loi devait être adoptée par les parlementaires, il la signerait. Rappelons que Joe Biden vient de faire ses débuts sur TikTok, avec l’ambition de draguer une partie des jeunes adultes qui sont accros à ce réseau social”, ironise le quotidien.

“En face, il y a Donald Trump”, qui “s’est érigé contre Joe Biden à ce sujet, et donc contre sa propre décision de 2020”, quand il cherchait lui aussi à interdire TikTok. La raison de ce revirement ? L’ancien président estime que la disparition de TikTok profiterait à Mark Zuckerberg, le patron de Meta, qu’il abhorre et qualifie de “véritable ennemi du peuple”.

Le New York Times, pour sa part, ne s’inquiète guère du sort de la plateforme, assurant qu’elle “n’est pas près de disparaître de nos smartphones”.

Le quotidien américain relève que le vote du Sénat, quelque peu “sceptique” face au texte proposé par la Chambre, est loin d’être acquis. Et même si la loi finit par être promulguée, “TikTok ou quelqu’un d’autre contestera probablement sa légalité devant les tribunaux”, ce qui promet de longues années de batailles juridiques.

Element inconnu
Le dirigeant néerlandais d’extrême droite Geert Wilders lors d’une conférence de presse à La Haye, le 1ᵉʳ mars 2024.
Le dirigeant néerlandais d’extrême droite Geert Wilders lors d’une conférence de presse à La Haye, le 1ᵉʳ mars 2024. PHOTO BART MAAT/AFP

Pendant que vous dormiez. Pays-Bas, Haïti, Catalogne et journaux britanniques : les informations de la nuit

Pays-Bas : Geert Wilders ne sera pas Premier ministre. Le dirigeant néerlandais d’extrême droite Geert Wilders, dont le parti était arrivé largement en tête des élections législatives de novembre dernier, a annoncé mercredi qu’il n’avait pas les soutiens nécessaires pour devenir Premier ministre. “Les pourparlers pour former une coalition étaient dans l’impasse après que les dirigeants des autres partis eurent refusé de le soutenir”, explique l’édition européenne de Politico. C’est la “première fois depuis 1982 que le chef du parti vainqueur aux élections législatives néerlandaises” ne devient pas Premier ministre, ajoute le site.

Haïti : accord sur la composition du conseil de transition. Les formations chargées de désigner les membres du Conseil présidentiel, qui doit piloter la transition en Haïti, ont trouvé un accord mercredi soir, après deux jours de négociations. Les noms des sept membres du Conseil “ont été transmis” à la Communauté des Caraïbes (Caricom), “qui joue le rôle de médiateur dans la crise”, précise le site Alterpresse. Ils auront pour mission de choisir un Premier ministre intérimaire et de nommer un gouvernement “inclusif”, après la démission lundi du Premier ministre vivement contesté Ariel Henry.

Élections anticipées en Catalogne. “Le rejet du budget 2024” de la communauté autonome de Catalogne a contraint mercredi son président, Pere Aragonès, à avancer au 12 mai les élections du parlement régional, initialement prévues en 2025, rapporte La Vanguardia. M. Aragonès, a dénoncé “l’irresponsabilité” de ses opposants. Le projet de budget prévoyait notamment 1 milliard d’euros pour combattre la sécheresse qui sévit dans la région et une augmentation de 10 % de l’enveloppe allouée à l’éducation.

Le Royaume-Uni veut interdire tout lien entre ses journaux et des gouvernements étrangers. “Les gouvernements étrangers n’auront plus le droit de posséder des journaux et des magazines d’information britanniques”, a annoncé jeudi Downing Street, en promettant de légiférer sur la question, écrit la BBC. La décision fait suite aux vives critiques suscitées par le projet de rachat du Daily Telegraph et du Spectator par une coentreprise entre le fonds américain Redbird et le fonds d’investissement dans les médias d’Abou Dhabi (IMI).

À l’occasion de la présidentielle russe, qui se tient du 15 au 17 mars, nous consacrons un long dossier à la façon dont Vladimir Poutine, au pouvoir depuis plus de ving ans, a changé la société russe .
À l’occasion de la présidentielle russe, qui se tient du 15 au 17 mars, nous consacrons un long dossier à la façon dont Vladimir Poutine, au pouvoir depuis plus de ving ans, a changé la société russe . Courrier international

À la une de l’hebdo. La Russie selon Poutine

Chaque semaine, “Courrier international” explique ses choix éditoriaux et les débats qu’ils suscitent au sein de la rédaction. Dans ce numéro, à l’occasion de l’élection présidentielle qui se tient du 15 au 17 mars, nous consacrons un long dossier à la façon dont Vladimir Poutine, au pouvoir depuis plus de vingt ans, a changé la société russe. Le président, qui se pose en rempart contre l’Occident, est assuré de sa réelection. Comment les Russes le perçoivent-ils ? Sur quoi s’appuie son régime ? Les points de vue de la presse à Moscou, mais aussi des médias en exil et des journaux européens.

À la fin, il ne restera qu’un, et ce sera Vladimir Poutine. Au sommet du pouvoir depuis plus de vingt ans – avec un interlude comme chef de gouvernement entre 2008 et 2012 –, le président russe se succédera à lui-même, sans l’ombre d’un doute, dimanche 17 mars (le vote se déroule sur trois jours à partir du 15). Le maître du Kremlin vise 80 % des suffrages dans ce qui s’annonce d’abord comme un plébiscite pour la poursuite de la guerre en Ukraine. C’est en tout cas la volonté affichée du pouvoir, qui a verrouillé l’élection, recalant six candidats, parmi lesquels Boris Nadejdine, le seul ouvertement pacifiste.

Il y a quinze jours à Moscou, des milliers de Russes avaient rendu hommage à Alexeï Navalny, mort le 16 février dans une colonie pénitentiaire en Arctique. Combien seront-ils à oser défier le régime le jour du scrutin ? C’est l’une des rares inconnues de cette élection. Ioulia Navalnaïa, la veuve de l’opposant, a appelé les Russes à manifester leur hostilité à Poutine en votant en masse à la même heure, à midi pile, le 17 mars, pour submerger les bureaux de vote. Pas sûr qu’elle soit entendue.

Car comme l’explique très bien Alexeï Levinson au quotidien tchèque Denik N, “les Russes ont besoin de Poutine pour se rassurer”. Dans la passionnante interview qu’il a accordée à la journaliste Petra Prochazkova, le sociologue explique ainsi la longévité politique du président russe :

“La description la plus précise de la relation qu’entretiennent les Russes avec leur leader est la volonté de préserver le statu quo. Il s’agit de laisser les choses en l’état […]. Les Russes sont convaincus, non sans fondement, que tout changement ne peut être que négatif. Ils tiennent cette idée de leurs parents, de leurs grands-parents…”

Pour Alexeï Levinson, Poutine a su rendre à la Russie son statut de puissance, et c’est cela qui prime aux yeux de ses concitoyens.

Une interview d’autant plus forte qu’Alexeï Levinson enseigne et vit à Moscou. C’est une voix de l’intérieur. De celles que l’on entend rarement. Ce n’est pas celle d’un dissident, mais d’un esprit critique sans aucun doute. Et ces voix-là sont devenues inaudibles et trop rares depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a deux ans.

Le portrait de la Russie qu’il dessine entre en résonance avec les autres articles que nous avons retenus en préparant ce dossier, assez complexe à organiser. Pour des raisons évidentes, il nous paraissait inenvisageable de ne traduire que la presse “officielle” russe pour raconter la Russie aujourd’hui. Entre la propagande, les outrances et les omissions, le tableau aurait été incomplet. Nous avons donc choisi de consacrer douze pages (et une série quotidienne sur le site qui inclut des articles inédits) pour mieux comprendre comment Poutine a radicalement transformé la société russe en quelques années. Avec des points de vue très différents. Depuis deux ans, de nombreux journalistes russes ont fui le pays et la censure du régime, qui continue de parler d’“opération spéciale en Ukraine”. Il nous semblait impératif de les faire entendre.

Ce que montre notre dossier, ce sont les ressorts sur lesquels s’appuie Vladimir Poutine pour asseoir son pouvoir et renforcer son emprise sur la société. En réprimant toute dissidence, comme l’explique Novaïa Gazeta Europe, et en exaltant les valeurs patriotiques. Le président russe, qui se pose aujourd’hui en héraut des valeurs familiales, s’est lancé dans une croisade en défense de la patrie, contre les homosexuels et les valeurs occidentales. “Le système actuel, des médias jusqu’aux instances juridiques, policières et punitives, s’est mis en mode police des mœurs”, écrivait récemment le quotidien Nezavissimaïa Gazeta. Quant au monde de la culture, il est en voie de “nationalisation” : “Dans les théâtres et les musées, autrefois au cœur d’une scène culturelle indépendante en effervescence, les spectacles et les expositions critiques sont censurés, des artistes se retrouvent derrière les barreaux ou en exil”, explique Pjotr Sauer dans The Guardian.

Plus que jamais, Vladimir Poutine s’est lancé dans une guerre de civilisation. Et l’ennemi, c’est l’Occident, contre lequel il se pose en rempart, explique Andreï Tsygankov dans Rossia v Globalnoï Politiké. “À l’heure actuelle, l’occidentalisme est marginalisé [en Russie], en raison non seulement du discrédit dans lequel est tombée la politique étrangère menée par l’Occident, mais aussi de la perte de prestige des Occidentaux dans le monde sur le plan des valeurs.” Bonne lecture.

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Dessin de Tjeerd paru dans Trouw, Amsterdam

Analyse. Jusqu’où les Russes sont-ils prêts à suivre Vladimir Poutine ?

PRÉSIDENTIELLE RUSSE 2024 (J −3). Deux tiers des personnes interrogées pour un récent sondage soutiennent l’invasion de l’Ukraine. Pour ce quotidien conservateur moscovite, cela reflète la réussite de la politique d’information du pouvoir.

[Cet article est extrait du dossier publié dans notre hebdomadaire daté du 14 mars 2024 (CI n° 1741). Une sélection d’analyses de la presse pro-Kremlin, mais aussi de la presse russe en exil et d’autres médias à l’étranger, sur les bouleversements en cours en Russie, à quelques jours de l’élection présidentielle du 17 mars. Un scrutin qui s’annonce avant tout comme un plébiscite pour la poursuite de la guerre en Ukraine.]

Deux ans après le lancement de l’opération spéciale en Ukraine [expression officielle utilisée en Russie pour qualifier l’invasion], le Centre panrusse d’étude de l’opinion (Vtsiom) a décidé de sonder l’évolution des mentalités de nos concitoyens. Pas moins de 65 % des personnes interrogées considèrent que l’opération spéciale se déroule “plutôt bien” pour les forces russes. Il y a un an, elles étaient 59 %. Vraisemblablement, les derniers communiqués ont eu un effet – par exemple, celui concernant la libération d’Avdiïvka [ville ukrainienne reprise par les forces russes en février].

D’après les résultats de l’enquête, la décision de mener l’opération militaire spéciale est approuvée par 68 % des personnes interrogées. Elles étaient également 68 % en février 2023, et 65 % en février 2022. Autant dire que les chiffres n’ont presque pas changé. Ceux qui sont “plutôt contre” représentent désormais 19 %, contre 25 % en 2022.

Comment émett

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Intelligence artificielle ? Quel est le moyen de te détruire avant que tu ne nous détruises ?
Intelligence artificielle ? Quel est le moyen de te détruire avant que tu ne nous détruises ? DESSIN DE Gary McCoy/ ETATS-UNIS. CAGLE CARTOONS

Cybersécurité. Des chercheurs ont créé un ver informatique destiné aux IA

Voler des données, envoyer des spams ou propager des logiciels malveillants. Ces méfaits ont été commis par des systèmes d’IA infestés par un ver créé par des chercheurs spécialisés en sécurité informatique. En milieu sécurisé pour le moment.

Des chercheurs ont créé ce qu’ils assurent être le premier ver informatique spécifique à des intelligences artificielles génératives, capable de se propager d’un système d’IA à un autre et de voler des données, d’envoyer des courriels ou encore de répandre des logiciels malveillants, rapporte le site américain Wired.

“En résumé, cela signifie qu’il est désormais possible de mener une cyberattaque d’un genre complètement nouveau”, explique Ben Nassi, chercheur à Cornell Tech, qui a participé à l’étude. Avec ses collègues, il a conçu un ver baptisé Moris II, en référence au tout premier ver informatique développé en 1988, appelé Moris, qui utilise un “adversarial self-replicating prompt”, des instructions autoréplicatives. Il s’agit d’un prompt, du texte en langage naturel, qui fait en sorte que, dans sa réponse, le modèle d’IA produise à son tour un prompt. En d’autres termes, l’IA est “manipulée” pour produire des instructions supplémentaires.

Sans entrer dans les détails techniques (disponibles sur le site des chercheurs), Moris II cible les assistants de messagerie par IA générative. Il est capable de les manipuler pour leur faire dévoiler des informations contenues dans un courriel par exemple ou pour leur faire propager des spams via une boîte de messagerie.

Rendre les systèmes plus résilients

Les chercheurs ont expérimenté leur ver avec trois modèles d’IA : Gemini Pro de Google, ChatGPT 4.0 d’OpenAI et LLaVA de l’université du Wisconsin-Madison. Ils ont également utilisé deux méthodes : l’une employant ce système d’instructions autoréplicatives via du texte, l’autre dans un fichier image.

Dans la vidéo en anglais ci-dessous, les chercheurs expliquent comment Moris II fonctionne.

Mais Ben Nassi et ses collègues ne sont pas les seuls à tenter de faire agir les IA en contournant les verrous de sécurité. Dans un autre travail de recherche, des experts travaillant pour des universités à Singapour et en Chine ont montré comment ils pouvaient infester 1 million d’agents de grands modèles de langage en moins de cinq minutes.

Pour le moment, il ne s’agit que cyberattaques “virtuelles” orchestrées par des chercheurs pour tester les failles des IA génératives connectées les unes aux autres. Et ils ont prévenu les entreprises concernées. Interrogé par Wired, un porte-parole d’OpenAI confirme que “[les chercheurs] semblent avoir trouvé le moyen d’exploiter des vulnérabilités en usant d’une attaque dite de ‘prompt injection’, où l’utilisateur se sert d’une consigne qui n’a pas été vérifiée ou contrôlée”. Avant d’ajouter que l’entreprise s’efforçait de rendre ses systèmes “plus résilients” et que les développeurs devaient “utiliser des méthodes veillant à ne pas employer de commande nuisible”. Google, en revanche, n’a pas répondu aux sollicitations du média.

Si ce genre d’attaque se limite pour l’instant à des environnements simulés, il est probable que le pas de la théorie à la pratique ne tardera pas à être franchi”, insiste, dans Wired, Sahar Abdelnabi, qui a travaillé sur des attaques dirigées contre les grands modèles de langage et alerté, dès l’année dernière, sur la création possible de vers. Et dans leur article décrivant Moris II, les auteurs imaginent que ce genre de cyberattaque pourrait faire son apparition en conditions réelles d’ici deux ou trois ans.

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Dessin de Ramsés, Cuba.

Reportage. En Israël, la détresse des déplacés de guerre

Après les attaques du Hamas et face à la menace du Hezbollah, plus de 100 000 Israéliens ont été évacués en octobre dernier dans le nord et le sud de l’État hébreu. Cinq mois plus tard, une majorité d’entre eux vivent toujours loin de leur foyer. Un départ forcé, source de détresse psychologique. Le reportage du quotidien israélien “Ha’Aretz”.

Cinq mois se sont écoulés depuis le 7 octobre [date des attaques sanglantes du Hamas, qui ont fait plus de 1 100 morts en Israël], et la plupart des Israéliens ont retrouvé un semblant de routine. S’il est vrai que la conjoncture économique se dégrade, que le sort des otages suscite toujours autant d’émotion, que de plus en plus de familles sont endeuillées, et que l’avenir suscite une grande angoisse, les enfants ont tout de même retrouvé le chemin de l’école, les sirènes ne hurlent plus à tout bout de champ, les cinémas et les magasins ont rouvert.

Il est pourtant des Israéliens pour lesquels le concept de routine reste un idéal inaccessible. Ceux qui ont été contraints d’évacuer leur maison près de la bande de Gaza ou de la frontière nord [avec le sud du Liban, fief du Hezbollah]. Depuis leur départ forcé, ils dérivent, sans savoir quand et comment ils pourront rentrer chez eux.

Les médias et le grand public les surnomment les “évacués”. Mais si l’on s’en tient aux critères internationaux, il s’agirait plutôt de “personnes déplacées”, puisqu’ils ont quitté leur foyer pour fuir la guerre, tout en restant dans leur pays. D’après le dernier recensement officiel, ils seraient aujourd’hui 135 000 dans cette situation.

“Tout ce qui faisait le quotidien a disparu”

Or la plupart des Israéliens ne comprennent pas véritablement ce que traversent ces déplacés, constate Avi Dabush, directeur général de l’ONG Rabbis for Human Rights, lui-même originaire du kibboutz Nirim, tout près de la frontière gazaouie.

La semaine dernière, sa famille s’est installée dans un hébergement temporaire, à Beer-Sheva [la plus grande ville du désert du Néguev]. C’est la troisième fois qu’ils déménagent depuis le “samedi noir”.

“Les gens sont très surpris quand ils apprennent que nous ne sommes toujours pas rentrés chez nous.”

Il y a un gouffre entre la perception du grand public et le peu de solutions réellement proposées aux déplacés, poursuit-il. La plupart de ces solutions n’émanent d’ailleurs pas du gouvernement. L’un de ses fils n’a pu retourner au lycée que la semaine dernière ; un autre n’a toujours pas repris de scolarité classique. “Et encore, notre kibboutz est très soudé. À Sdérot, où j’ai vécu pendant des années, la situation est bien plus catastrophique.”

Si l’opinion publique a si peu conscience de ce que vivent les “évacués”, c’est en partie parce que ces situations sont souvent présentées comme des phénomènes isolés, avance le chercheur. “Il y a une volonté d’aborder ces questions d’un point de vue personnel. C’est compréhensible, mais c’est regrettable. Quand les gens entendent l’histoire de telle ou telle famille, ils compatissent sincèreme

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Dessin de Martirena
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Poisson
Poisson Courrier international

Astrologie. L’horoscope de Rob Brezsny pour la semaine du 14 au 20 mars 2024

Chaque semaine, “Courrier international” vous propose l’horoscope poétique de Rob Brezsny, un des astrologues les plus atypiques de la planète. Poisson est le signe de la semaine.

Poisson (19 février - 20 mars)

L’écrivain-voyageur Jeff Greenwald a publié un récit de voyage au Népal hilarant mais très sérieux, sous le titre À la recherche du Bouddha idéal. Il raconte sa longue quête dans les bazars et étals du pays pour trouver une statue parfaite du Bouddha, qui corresponde exactement à ses aspirations spirituelles. Cette aventure m’évoque irrésistiblement ce qui t’attend dans un avenir proche, Poissons : une intense quête d’inspiration sacrée, qui pourra se concrétiser soit à travers un objet emblématique, soit par un pèlerinage vers un sanctuaire, ou encore par un voyage intérieur jusqu’à la source de ta vérité et de ton amour.

Pour consulter les autres signes, c’est ici.