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Religions

Le pape François juge que les "couples de même sexe" peuvent être bénis, une déclaration inédite

Le pape François dirige une prière au Vatican, le 30 septembre 2023.

Le pape François dirige une prière au Vatican, le 30 septembre 2023. - TIZIANA FABI / AFP

Le Vatican a publié une lettre du pape François adressée à plusieurs cardinaux conservateurs, suggérant que les couples de même sexe peuvent recevoir la bénédiction, tant qu'elle ne s'apparente pas à un mariage.

Le pape bouscule une nouvelle fois la doctrine de l'Église. Dans une lettre adressée en juillet à des cardinaux conservateurs, publiée lundi par la Congrégation pour la doctrine de la foi et relayée par le portail d'informations pontificales Vatican News, le pape François a suggéré que les "unions de personnes de même sexe" pouvaient faire l'objet de bénédictions, tant que celles-ci ne s'apparentent pas au sacrement du mariage. Une position inédite.

Le pape répondait dans sa lettre à cinq questions ("dubias" selon le terme latin utilisé, littéralement "doutes") adressées par cinq cardinaux conservateurs, dont le Guinéen Robert Sarah, portant sur plusieurs points de controverse dans la communauté catholique.

L'une d'entre elles portait sur l'avis du pape sur les pratiques de bénédiction de "couples de même sexe", contraires à la doctrine en vigueur mais déjà effectuées par des prêtres frondeurs en Allemagne et en Belgique.

"L'Église peut-elle (...) accepter comme une "bonne chose" des situations objectivement pécheresses, telles que les unions avec des personnes du même sexe, sans s'écarter de la doctrine révélée?", interrogeaient notamment les cardinaux.

"Discerner de manière adéquate"

Dans sa lettre de réponse, le pape a usé d'une certaine nuance. Il a toutefois défendu la "charité pastorale" qui permettrait selon lui de procéder à de telles bénédictions: "nous ne pouvons pas être des juges qui ne font que nier, rejeter et exclure", a-t-il ainsi rappelé aux caciques de l'Église.

"Par conséquent, la prudence pastorale doit discerner de manière adéquate s'il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas un concept erroné du mariage", a notamment écrit le souverain pontife.

À ce titre, il a rappelé la position "claire" de l'Église sur sa définition du mariage, à savoir "une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la procréation".

Tout en estimant qu'il existait des situations "objectivement inacceptables sur le plan moral" (il avait réitéré la position selon laquelle l'homosexualité serait un péché en janvier) François a défendu que "charité pastorale" exigeait que les personnes dont les actes peuvent être "influencés" par des éléments ne relevant pas de leur reponsabilité ne soient pas traités comme de "simples pécheurs".

L'examen des demandes de bénédiction doit dans ce contexte être réalisé au cas par cas et les décisions positives, possibles, "ne doivent pas nécessairement devenir un norme".

Contexte de l'ouverture d'un synode nouvelle formule

Cette publication intervient deux jours avant l'ouverture de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, une assemblée consultative lors de laquelle plus de 450 membres - évêques mais aussi, pour la première fois, femmes et laïcs - débattront à huis clos pendant un mois sur une série de sujets de société, à la suite d'une vaste consultation de deux ans des catholiques du monde entier.

Une deuxième session de cette assemblée aura lieu en octobre 2024 et le pape pourrait alors prendre en compte certaines conclusions des travaux du synode dans un document officiel qui pourrait modifier certains points de doctrine de l'Église.

Depuis son élection en 2013, le pape François a à plusieurs reprises suscité l'ire des conservateurs, notamment en restreignant l'usage de la messe traditionnelle en latin en 2021 ou en encourageant les États à permettre l'union civile des couples homosexuels en 2020.

Glenn Gillet avec AFP