Plus d’une douzaine de pays – dont la France – ont imposé ces derniers jours des tests de dépistage du Covid-19 aux passagers en provenance de Chine, s’inquiétant du manque de transparence quant au nombre d’infections et redoutant l’apparition de variants. Pékin l’a reconnu : depuis l’abandon, le mois dernier, des dépistages à grande échelle par des tests PCR, quantifier les contagions sur son territoire est devenu « impossible ».
Mardi 3 janvier, une « écrasante majorité » des pays de l’Union européenne (UE) se sont prononcés en faveur de tests Covid systématiques pour les voyageurs venant de Chine avant leur départ pour l’Europe, a annoncé un porte-parole de la Commission européenne. La mesure sera discutée, mercredi, lors d’une réunion destinée à élaborer une réponse coordonnée de l’UE.
La commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, a dit avoir pris contact avec ses homologues chinois « pour leur proposer la solidarité et le soutien de l’Union européenne, ce qui inclut [son] expertise en santé publique et des dons de vaccins européens adaptés aux variants ». La Commission n’a pas détaillé le nombre de doses que l’UE pourrait offrir.
Le gouvernement chinois a condamné mardi la décision de rendre les tests obligatoires : « Cela est dénué de base scientifique et certaines pratiques sont inacceptables », a fustigé une porte-parole du ministère des affaires étrangères, Mao Ning. La Chine pourra « prendre des contre-mesures selon le principe de réciprocité », a-t-elle averti. Cette exigence se fonde « seulement et uniquement sur la science », a rétorqué le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.
« On veut s’assurer qu’il n’y a pas de nouveaux variants »
Concernant la France, la présentation avant l’embarquement d’un test de dépistage du Covid-19 négatif de moins de quarante-huit heures deviendra obligatoire le 5 janvier pour les voyageurs de plus de 11 ans en provenance de Chine, peut-on lire dans un décret paru samedi 31 décembre au Journal officiel.
« Je pense qu’on est dans notre rôle en protégeant les Français et en demandant des tests », a réagi la première ministre française, Elisabeth Borne, interrogée sur Franceinfo, mardi :
« On fait ça dans le respect des règles de l’Organisation mondiale de la santé et on continuera à le faire. (…) Notre objectif (…) est vraiment de pouvoir surveiller l’évolution de l’épidémie. »
Mme Borne a rappelé que, depuis dimanche, les passagers qui embarquent dans un vol en provenance de Chine à destination de la France « s’engage[aient] à accepter un test à l’arrivée, un test qui fait l’objet aussi, quand il est positif, d’un séquençage ». « Ça nous permet d’avoir une donnée sur l’évolution du virus. On veut évidemment s’assurer qu’il n’y a pas de nouveaux variants », a-t-elle affirmé.
Ces prises de position surviennent presque un mois après la levée surprise, le 7 décembre, par la Chine de ses restrictions sanitaires. Depuis, hôpitaux et crématoriums sont débordés par l’afflux de patients et de victimes du Covid-19. Les autorités ont récemment modifié les critères permettant d’attribuer un décès causé par le Covid-19, suscitant des doutes sur la capacité des chiffres officiels à refléter la réalité.
De plus, la Commission nationale de santé (NHC), qui a valeur de ministère, a cessé de publier les chiffres quotidiens de cas et de décès. Ce sera désormais le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies qui s’en chargera, une fois par mois.
70 % de la population de Shanghaï potentiellement touchée
La Chine est confrontée à sa plus importante flambée de cas. « L’épidémie à Shanghaï est très étendue et elle pourrait avoir touché 70 % de la population, soit vingt à trente fois plus » que lors de la flambée précédente, au printemps 2022, a déclaré Chen Erzhen, vice-président de l’hôpital Ruijin, à un blog affilié au Quotidien du peuple.
M. Erzhen a précisé que son hôpital recevait 1 600 admissions en urgence par jour – le double par rapport à la période ayant précédé la levée des restrictions –, 80 % concernant des malades du Covid-19. Selon lui, « plus de cent ambulances arrivent à l’hôpital chaque jour » et la moitié des patients admis en urgence sont âgés de plus de 65 ans, donc plus vulnérables.
Dans d’autres grandes villes chinoises, comme Pékin, Tianjin (Nord), Chongqing (Sud-Ouest) et Canton (Sud), les autorités sanitaires estiment que le pic est déjà passé. Mais la vague devrait bientôt toucher les zones rurales, où les services de santé sont moins fournis. Alors qu’à partir du 21 janvier des millions d’habitants retourneront dans leurs provinces natales pour célébrer le Nouvel An lunaire, une haut responsable de la NHC, Jiao Yahui, a reconnu auprès de la télévision d’Etat CCTV, lundi, que cette forte hausse attendue représentait un « énorme défi ».
Elle a aussi admis que les services d’urgence des hôpitaux étaient sous pression et promis que les autorités coordonneraient les ressources pour permettre aux patients dans les zones les plus reculées d’être soignés.
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