L’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, était déjà connu pour ses diatribes virulentes. Les dernières déclarations de ce « loup guerrier », adepte d’une diplomatie tout sauf policée, au service du régime communiste, ont suscité la consternation, non seulement en France, mais dans toute l’Europe. Elles confortent les doutes sur les intentions de Pékin concernant la guerre en Ukraine, à l’heure où le président français, Emmanuel Macron, espère encore voir la Chine « ramener la Russie à la raison », afin d’esquisser une improbable sortie du conflit.
Dans un entretien à la chaîne LCI, vendredi 21 avril, Lu Shaye a mis à mal plusieurs principes qui fondent la coexistence entre les nations européennes, ancrés dans la charte de l’ONU, à commencer par leur souveraineté et leur intégrité territoriale. « Les pays de l’Union soviétique n’ont pas de statut effectif dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut de pays souverain », a d’abord estimé l’ambassadeur chinois, semblant prendre le contre-pied de la position traditionnelle de Pékin au sujet des frontières telles que dessinées par l’éclatement de l’URSS, en 1991.
Celui qui s’est un jour présenté comme un « soldat contre les hyènes folles » est ensuite revenu sur le sort de la Crimée, dont l’annexion par la Russie, en 2014, est considérée comme le point de départ de l’agression de l’Ukraine. « Ça dépend comment on perçoit ce problème. Il y a l’histoire. La Crimée était tout d’abord à la Russie. C’est [Nikita] Khrouchtchev qui a offert la Crimée à l’Ukraine à l’époque de l’Union soviétique », en 1954, a ajouté le diplomate. « Il ne faut pas chicaner sur ce genre de problème. Le plus important est (…) de réaliser le cessez-le-feu », a suggéré M. Lu. Un « cessez-le-feu » que refusent Kiev et ses alliés occidentaux, afin de ne pas sanctuariser les gains territoriaux réalisés par Moscou depuis le début de l’invasion, en particulier dans le Donbass et dans le sud du pays.
Lundi 24 avril au matin, Pékin a semblé prendre ses distances avec son ambassadeur. « La Chine respecte le statut des Etats souverains des républiques après la dissolution de l’Union soviétique », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère des affaires étrangères. « Nous sommes prêts à continuer à travailler avec la communauté internationale pour apporter notre propre contribution à la promotion d’un règlement politique de la crise ukrainienne », a-t-elle ajouté, en reprochant à « certains médias » d’avoir « mal interprété » les propos de M. Lu et « provoqué la discorde entre la Chine et les pays concernés ».
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