JUSTICEL’Arménie rejoint la CPI, « une décision inamicale » juge le Kremlin

Cour pénale internationale : L’Arménie rejoint l’institution, « une décision inamicale » juge le Kremlin

JUSTICEPar ce choix, Erevan s’éloigne de son allié russe. L’Arménie reproche notamment à la Russie son inaction apparente dans le conflit qui l’oppose à l’Azerbaïdjan
La Cour pénale internationale, à La Haye le 6 décembre 2022.
La Cour pénale internationale, à La Haye le 6 décembre 2022. - Peter Dejong/AP / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est un choix qui ne plaît pas du tout à Moscou. L’Arménie est formellement devenue Etat partie de la Cour pénale internationale (CPI), une décision que la Russie, son allié traditionnel, a jugé « inamicale ».

« Le Statut de Rome (créant le CPI) est officiellement entré en vigueur pour l’Arménie le 1er février », a annoncé ce jeudi le représentant arménien pour les affaires juridiques, Yegishe Kirakosyan.

Erevan tente d’apaiser les craintes du Kremlin

En mars, le tribunal international basé à La Haye a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de Vladimir Poutine, pour avoir organisé ou autorisé la déportation illégale d’enfants ukrainiens en Russie. Erevan est désormais tenu d’arrêter le président russe s’il met le pied sur son territoire.

Sans surprise, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait estimé en octobre que l’Arménie avait pris « une mauvaise décision » en ratifiant le Statut de Rome. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinyan, a tenté d’apaiser les craintes du Kremlin, indiquant que la décision n’était pas dirigée contre la Russie. « En adhérant à la CPI, l’Arménie se dote d’outils sérieux pour prévenir les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sur son territoire », a-t-il assuré. « Cela concerne avant tout l’Azerbaïdjan », avec lequel l’Arménie a mené deux guerres au sujet de la région contestée du Haut-Karabakh.

Ursula von der Leyen satisfaite

Mais la décision arménienne illustre le fossé qui est en train de se creuser entre Moscou et Erevan, l’Arménie reprochant à la Russie son inaction apparente dans le conflit qui l’oppose de longue date à son voisin l’Azerbaïdjan. En septembre, les forces azerbaïdjanaises ont envahi dans une offensive éclair le Haut-Karabakh, où étaient déployés des soldats de la paix russes, et ont obtenu la reddition des forces séparatistes arméniennes qui contrôlaient la région depuis des décennies.

L’Arménie avait signé le traité de Rome en 1999, mais ne l’avait pas ratifié, invoquant des contradictions avec la constitution du pays. La Cour constitutionnelle a déclaré en mars que ces obstacles avaient été levés après l’adoption par le pays d’une nouvelle constitution en 2015. En octobre, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, avait salué la ratification du Statut, déclarant « le monde se rétrécit pour l’autocrate du Kremlin ».

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