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Ce que l’on sait de l’attaque au couteau à Annecy, qui a fait six blessés dont quatre enfants

Selon la procureure d’Annecy, « aucun mobile terroriste apparent » n’a jusqu’à présent été retenu. Cinq personnes, dont quatre mineurs âgés de 22 mois à 3 ans, étaient toujours, jeudi soir, en état d’urgence absolue, dont deux toujours « en urgence vitale » vendredi.

Le Monde avec AFP

Publié le 09 juin 2023 à 08h47, modifié le 09 juin 2023 à 21h29 (republication de l’article du 08 juin 2023 à 11h00)

Temps de Lecture 5 min.

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A Annecy sur les lieux de l’attaque au couteau, le 8 juin 2023.

Un homme armé d’un couteau a semé la terreur jeudi 8 juin au matin dans un parc des bords du lac d’Annecy, blessant grièvement plusieurs enfants, avant d’être interpellé. Le Monde fait le point sur ce que l’on sait.

• Une attaque dans une aire de jeux

Selon la préfecture de Haute-Savoie, les faits se sont déroulés peu après 9 h 30 dans les jardins de l’Europe, qui font partie du Pâquier, un parc situé au bord du lac d’Annecy, à quelques dizaines de mètres de l’hôtel de ville.

Selon des témoins, l’assaillant, vêtu d’un short noir, un foulard noué sur la tête, s’est attaqué à des enfants dans une aire de jeux. Evoquant l’assaillant, un témoin a déclaré à BFM-TV : « Il a sauté [dans l’aire], il a commencé à crier et directement il s’est dirigé vers les poussettes et a donné des coups de couteau à répétition sur les petits. » Sur les images d’une vidéo de l’attaque, un homme tente alors de le mettre en fuite en le frappant à coups de sac à dos. L’agresseur quitte l’aire de jeux. Il brandit son couteau de la main droite, et semble vouloir montrer de l’autre main aux témoins, en tournant sur lui-même, le pendentif attaché à son cou, un crucifix. Sur les vidéos filmées par des passants, on devine à peine ses propos. Il semble répéter, deux fois : « In the name of Jesus Christ » (Au nom de Jésus-Christ). Puis l’assaillant revient sur ses pas en trottinant, et pénètre de nouveau dans le jardin d’enfants, poursuivi par l’homme au sac à dos. Il blesse à nouveau deux enfants dans un landau, malgré les efforts désespérés d’une femme qui tentait de les protéger.

Selon différents témoignages, l’homme a ensuite tenté de s’enfuir de l’aire de jeux et a attaqué un homme de 78 ans qui tentait de protéger son épouse. Les policiers ont ouvert le feu, blessant malencontreusement le vieil homme, avant de parvenir à immobiliser l’assaillant à quelques mètres du lac. Les secours ont été alertés à 9 h 41, l’intervention déclenchée immédiatement et l’agresseur interpellé quatre minutes plus tard, selon un chronométrage diffusé par la police.

Le jeune homme au sac à dos a été identifié par des internautes : il s’appelle Henri, un pèlerin de 24 ans qui faisait le tour des plus belles cathédrales de France depuis deux mois et demi et se décrit sur ses réseaux sociaux comme « philosophe et explorateur ». Erigé en héros, il tempère : « J’étais loin d’être le seul à avoir réagi. Beaucoup d’autres personnes autour ont commencé, comme moi, à courir après [l’assaillant] pour essayer de lui faire peur [et] de l’écarter. D’autres personnes aussi se sont dirigées tout de suite vers les enfants pour s’en occuper », a-t-il relaté sur BFM-TV.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Attaque d’Annecy : et les rires des enfants se sont tus

• Six blessés, dont quatre enfants

Au moins six personnes, dont quatre enfants âgés de 22 mois à 3 ans – deux Français, un Néerlandais et un Anglais –, ont été blessées. Vendredi matin deux mineurs étaient toujours « en urgence vitale », selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Dans l’après-midi, Emmanuel Macron, présent à Annecy, a, pour sa part, assuré que les nouvelles étaient « positives » concernant l’état de santé des enfants et des adultes blessés. « Nous pouvons nourrir le plus grand des espoirs » a-t-il annoncé. « Tout ce qui m’a été dit va dans le bon sens », a-t-il ajouté.

Un homme de 78 ans a également été légèrement touché par la police qui tentait d’arrêter l’assaillant. La préfecture a ouvert une cellule d’information, joignable
au 04-50-33-61-33.

• Le suspect : un Syrien qui avait le statut de réfugié en Suède

L’auteur présumé est un homme né en 1991 de nationalité syrienne, Abdelmasih H., qui a vécu pendant dix ans en Suède, où il a obtenu le statut de réfugié en 2013.

Il a été marié et a un enfant de 3 ans avec une femme de nationalité suédoise, dont il a divorcé l’an dernier. Selon l’Office suédois des migrations, il avait demandé la nationalité une première fois quatre ans après son arrivée, mais trop tôt, le délai minimal de présence étant de cinq années. Il avait fait une deuxième demande en 2018, refusée aussi sans qu’on en sache la cause. Selon son ex-femme, il a quitté la Suède avant de recevoir la réponse à sa dernière demande, « il y a huit mois ». Du point de vue du droit de l’Union européenne (UE), l’homme était en situation régulière.

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L’agresseur présumé, « un réfugié politique qui serait sans domicile fixe, arrivé à Annecy à l’automne 2022 » n’était « ni sous l’emprise de stupéfiants ni sous l’emprise d’alcool », a déclaré la procureure de la République d’Annecy, Line Bonnet-Mathis, devant la presse, jeudi. « Pour des raisons qu’on n’explique pas bien, il a également fait des demandes d’asile en Suisse, en Italie et en France », a rapporté le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, sur TF1.

Il a introduit le 28 novembre 2022 une demande d’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), dont le refus lui a été notifié dimanche 4 juin car il avait obtenu le statut de réfugié en Suède.

Ce même dimanche, le suspect a été contrôlé par la police car « il se serait lavé dans le lac d’Annecy », a ajouté M. Darmanin. « Une main courante a été faite et il n’y avait rien à lui reprocher particulièrement », a-t-il ajouté. Interrogé sur le lien entre le refus de la demande d’asile et le passage à l’acte de l’agresseur quatre jours plus tard, le ministre a évoqué une « coïncidence troublante ».

Dans sa demande à l’Ofpra, il se présentait comme un « chrétien de Syrie », selon une source policière. Son nom ne figurait en outre dans aucun fichier de police, il n’était connu d’« aucun service de renseignement » et n’a pas d’« antécédent psychiatrique identifié », selon la première ministre, Elisabeth Borne.

Jeudi en début de soirée, l’assaillant présumé se trouvait en garde à vue au commissariat d’Annecy. Il ne présentait aucune blessure grave, selon la procureure. Selon une source policière au Monde, les enquêteurs n’étaient pas parvenus à établir un contact avec lui jeudi soir : très agité, l’homme « hurlait » en se roulant au sol et en criant « kill me ! » (tuez-moi).

Depuis son interpellation, il n’a donné aucune explication à son geste et a fait « obstruction à la garde à vue », selon une source proche de l’enquête.

• « Aucun mobile terroriste apparent »

Au moment des faits, l’assaillant portait « une seule arme, qui est en notre possession », a fait savoir la procureure, jeudi. L’individu « n’est pas blessé et il va être entendu sur ses motivations, qui restent aujourd’hui à déterminer », a-t-elle poursuivi. La procureure de Haute-Savoie a annoncé son placement en garde à vue dans les locaux du commissariat de police d’Annecy pour tentative d’assassinat.

Abdelmasih H. portait une croix chrétienne et a dit en anglais la phrase « Au nom de Jésus-Christ » au moment de l’attaque. La procureure n’a ni évoqué ces déclarations ni fait de commentaire à ce sujet.

A ce stade, il n’y a « aucun mobile terroriste apparent », a précisé la procureure. Une « évaluation » est en cours, « comme c’est l’usage », a-t-elle poursuivi. « En l’état, on n’a pas d’éléments qui pourraient nous laisser entendre que les motivations sont terroristes », a-t-elle insisté. Le dossier est néanmoins, comme c’est l’usage, toujours en « évaluation » au Parquet national antiterroriste.

• « S’attaquer à des enfants est l’acte le plus barbare qu’il soit », selon Emmanuel Macron

L’attaque a semé l’effroi dans cette ville d’eau habituellement très calme. « Ce qui s’est passé est inacceptable, effroyable. Ce n’est jamais arrivé sur Annecy », a déclaré le maire écologiste, François d’Astorg, en faisant part de sa « colère » au cours d’un point de presse.

Emmanuel Macron a dénoncé jeudi une « attaque d’une lâcheté absolue ». Elisabeth Borne s’est dite « bouleversée » par le drame, et a évoqué « le temps de l’émotion ».

Le chef de l’Etat, accompagné de Brigitte Macron, s’est rendu vendredi à Grenoble où sont hospitalisés trois des quatre enfants blessés, puis à la préfecture d’Annecy pour saluer « l’ensemble des personnes qui, à Annecy, ont contribué à apporter aide et soutien » aux familles des victimes.

Le Monde avec AFP

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