Un rapport choc du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), publié ce mercredi 27 septembre 2023, dresse un constat alarmant de la montée en puissance de la violence sur les plateformes qui diffusent des contenus pornographiques, et appelle à agir contre un « système de massacre des femmes à but lucratif ». Il doit être remis au gouvernement.
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« Dans ces millions de vidéos, les femmes, caricaturées des pires stéréotypes sexistes et racistes, sont humiliées, objectifiées, déshumanisées, violentées, torturées, subissant des traitements contraires à la dignité humaine et… à la loi française », pointe le HCE dénonçant de la « pornocriminalité ».
90% des contenus pornographiques présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes (…) Ces contenus violents répondent pour certains à la définition juridique d’actes de torture et de barbarie. Les femmes sont réelles, les actes sexuels et de violences sont réels, et la souffrance est souvent parfaitement visible et en même temps érotisée. La pornographie n’est pas du cinéma.
« Un véritable système d’exploitation sexuelle à l’échelle industrielle »
Culture du viol, déshumanisation des femmes, apologie de l’inceste, racisme, pédocriminalité, LGBTphobies… Le rapport dénonce « un véritable système d’exploitation sexuelle à l’échelle industrielle » et fustige « l’inaction collective », souhaitant que « la société et les autorités sortent de l’aveuglement ou du déni ».
« On compte 1,4 million de vidéos avec des pratiques sadiques : choking (étranglement), bukkake (des dizaines d’hommes pénètrent une femme puis éjaculent sur elle), gangbang, gagging (étouffement par fellation profonde), torture, électrocution, surprise (« qui correspond à un viol ») », écrit le HCE qui a étudié durant plusieurs mois des milliers de vidéos diffusées sur les quatre principales plateformes pornographiques (Pornhub, XVideos, Xnxx, Xhamster).
Ce, alors que la moitié des garçons de 12 ans se rendent chaque mois sur ces sites, selon l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique.
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L’attribution d’un rôle de police administrative à Pharos
Le HCE explique aussi avoir réalisé un test en procédant à des signalements de 35 vidéos auprès de Pharos, la plateforme gouvernementale dont la mission est de lutter contre les contenus illicites sur internet. « Sur 35 vidéos signalées par le HCE entre le 2 et le 7 juin 2023, aucun des contenus à l’illégalité flagrante n’a disparu. Zéro résultat », s’insurgent les auteurs du rapport.
Pour « réaffirmer l’interdiction de la marchandisation de la sexualité d’autrui », le Haut conseil suggère de créer une « infraction générique d’exploitation sexuelle », intégrant « les nouvelles formes de cyber proxénétisme ».
Parmi les autres propositions : l’attribution d’un rôle de police administrative à Pharos, la plateforme du ministère de l’Intérieur, pour demander le retrait ou le blocage de toute scène portant atteinte à l’intégrité de la personne.
Des séances d’éducation sexuelle à l’école
Le HCE demande également de donner le pouvoir à l’Arcom de bloquer les sites pornographiques ne mettant pas en place de contrôle d’âge, pour réguler l’accès des mineurs à ces plateformes, ou encore d’instaurer un droit de retrait de contenus à caractère sexuel à toute personne filmée qui le sollicite.
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Enfin, le HCE préconise trois séances d’éducation sexuelle à l’école incluant « une critique de la pornographie et une prévention des pratiques prostitutionnelles », ainsi que « des campagnes grand public pour faire la prévention de la marchandisation de la sexualité et de l’exploitation sexuelle ».
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