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Elie Buzyn, ancien déporté et grand témoin de la Shoah, est mort

Né en 1929 en Pologne, il a vécu dans un ghetto de Lodz en 1940, avant d’être déporté avec sa famille à Auschwitz. Il est mort à l’âge de 93 ans.

Le Monde

Publié le 23 mai 2022 à 12h57, modifié le 23 mai 2022 à 16h10

Temps de Lecture 2 min.

Elie Buzyn, à Paris, en janvier 2015.

L’ancien déporté et grand témoin de la Shoah Elie Buzyn est mort, a appris Le Monde auprès de sa famille, lundi 23 mai. « Il a fait un malaise hier [dimanche] soir juste après une conférence de témoignages où il était avec des jeunes pour “passer le relais”, une conférence qui a été très émouvante, très bouleversante, qui l’a beaucoup touché », a ajouté sa fille, l’ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn, à l’Agence France-Presse (AFP).

« Jusqu’au bout il a porté la parole des victimes de la barbarie nazie. (…) Sa mémoire nous oblige », a immédiatement salué Francis Kalifat, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) sur Twitter. « Il a transmis le relais avec une constance et une détermination incroyable jusqu’au bout », a, de son côté, affirmé le grand rabbin Haïm Korsia.

Né le 7 janvier 1929 à Lodz, en Pologne, Elie Buzyn avait 93 ans. Au début de mars 1940, il avait vu son frère Avram, de onze ans son aîné, se faire exécuter par les nazis. Un mois plus tôt, un décret avait obligé les juifs à quitter leur logement et à occuper un quartier délabré de la ville mais, n’ayant pas obéi assez rapidement, trois jeunes gens pris au hasard avaient été exécutés publiquement. Avram était l’un d’eux.

Faire des plus jeunes « des témoins des témoins »

A l’été 1944, le jeune Elie avait ensuite été déporté avec ses parents et sa sœur à Auschwitz.

Quelques déportés nous recevaient. Je leur dois la survie. J’avais 15 ans. Ils m’ont lancé : “Dis que tu as 17-18 ans !” Le SS m’a regardé, visiblement il ne m’a pas cru. Il m’a donné un coup de poing dans la poitrine pour éprouver ma résistance, je ne suis pas tombé.

L’adolescent est jugé apte au travail forcé. Plus tard, « en trente secondes », il a « su ce qui s’était passé » pour ses parents, assassinés dans les chambres à gaz. Il est le seul survivant de sa famille.

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Devenu médecin en France, il s’est fait, des années après, un grand témoin de la Shoah, s’astreignant, jusqu’à sa mort, à entretenir et à transmettre la mémoire collective. Il appelait les jeunes à être « des témoins des témoins » et avait accompagné des groupes scolaires conduits chaque année par le grand rabbin de France.

Pluie d’hommages

« Nous n’oublierons jamais le témoignage du docteur Elie Buzyn, qui, jusqu’à ces derniers jours, continuait avec force à transmettre son expérience de vie liée à la Shoah », a salué le président du Consistoire central, Elie Korchia, tandis que Joël Mergui, président du Consistoire de Paris, louait en lui « un Mensch dont l’absence sera irremplaçable », utilisant le terme yiddish servant à qualifier un homme exemplaire. « Un géant », qui aura témoigné « devant des milliers d’élèves et d’étudiants », selon l’Union des étudiants juifs de France.

Au sein du gouvernement, le ministre délégué chargé de l’Europe, Clément Beaune, a rendu hommage à « ce grand témoin, cette lumière de la transmission », invitant à être « à la hauteur de son courage et de son message ». A Paris, la maire Anne Hidalgo a salué un homme qui a « consacré, sans relâche, sa vie à témoigner et transmettre la mémoire de la Shoah ». SOS-Racisme a, de son côté, loué celui qui témoignait « des conséquences de la haine antisémite et raciste ».

« A chaque disparition des derniers survivants de la Shoah comme Elie Buzyn, je me pose la même question : allons-nous être à la hauteur pour transmettre cette histoire indicible que nous avons reçue de la bouche même de ces héros ? », s’est, enfin, interrogé Ariel Goldmann, président du Fonds social juif unifié.

Le Monde

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