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Inflation: risque-t-on vraiment un "mars rouge" sur les courses du quotidien?

Certains patrons de la grande distribution l'annoncent depuis des semaines, le ministre de l'Economie n'y croit pas. Quel sera l'effet des négociations tarifaires avec les industriels qui se terminent le 1er mars sur l'inflation dans les grandes surfaces?

Un "mars rouge". Voilà ce que prédisent la plupart des patrons de la grande distribution contraints d’appliquer les nouvelles hausses de prix de leurs fournisseurs ainsi que, dans son blog, le spécialiste du secteur Olivier Dauvers. Mais faut-il vraiment s’attendre au pire?

Invité ce lundi de BFMTV le ministre de l’Economie s’est voulu rassurant. Bruno Le Maire rejette tout risque de "mars rouge" dans les hyper et les supermarchés. Mais qui voit juste? Les pessimistes ou les optimistes? Ce qu’on peut affirmer sans prendre trop de risques c’est que, pour le mois de mars, les indicateurs ne sont pas au vert.

Des prix qui continuent à augmenter avant même le 1er mars

Il y a d’abord l’entrée en vigueur, le 1er mars, des nouveaux tarifs des produits des marques nationales. Négociés depuis des semaines avec les industriels, ils vont entraîner de nouvelles augmentations. Cet impact devrait être néanmoins progressif, toutes les hausses ne s’appliquant pas du jour au lendemain, comme l’a précisé voici un mois le patron de Lidl en France, Michel Biero, sur BFMTV.

Il y a ensuite ce qu’on appelle l’effet de base. Les prix de mars 2023 seront comparés à ceux affichés dans les rayons un an plus tôt. Or à l’époque il n’y avait pas de valse des étiquettes dans les supermarchés. La tendance inflationniste a vraiment pris de l’ampleur durant la deuxième moitié de 2022. Il est donc quasiment impossible que la courbe de la hausse des prix, en rythme annuel, s’inverse avant cet été. D’autant que, depuis le début de cette année, les relevés de prix hebdomadaires dans les rayons laissent toujours apparaître bien plus de hausses que de baisses.

1 ménage sur 4 achète moins de produits alimentaires

Donc que mars soit "rouge" ou "orange", il est surtout probable qu’il faille encore un peu patienter pour voir l’inflation commencer à réellement refluer. L’institut Nielsen IQ table par exemple sur un pic en juin avec, pour les courses du quotidien, des prix qui seront alors 15% plus élevés qu’en 2021. Concrètement, cela signifie qu’en moyenne un ménage qui voudrait continuer à mettre exactement les mêmes produits dans son chariot de courses, devrait dépenser sur l’année 790 euros de plus qu’en 2021.

Mais tous ne sont prêts à faire avec un tel surcroît de dépenses. Sans surprise, de plus en plus de familles rognent partout où c’est possible et donc aussi, pour certaines, sur leurs dépenses alimentaires. Toujours selon Nielsen IQ c’est le cas pour un ménage sur quatre. Et cette tendance se retrouve d’ailleurs dans les ventes des hypers et des supermarchés.

Chiffre d'affaires en hausse mais baisse des ventes en volume

L’institut IRi mesure toutes les semaines l’évolution de leur chiffre d’affaires. Et son constat, c’est que les ménages passent en caisse avec un panier ou un chariot un peu moins rempli. Si on prend la moyenne sur les 52 dernières semaines, les ventes ont baissé, en volume, de 5,2%.

Cela signifie que face à des produits du quotidien qui en moyenne ont vu leur prix augmenter de plus de 13%, les Français ont fait des choix qui se sont traduits, toujours selon IRi, par une hausse moyenne de leurs dépenses de plus de 8%. Et c’est davantage cette baisse de la consommation qui doit inquiéter la grande distribution.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco