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Manifestation du 19 janvier à Paris: frappé par un policier puis amputé d'un testicule, un homme va porter plainte

Ivan S. a été amputé de son testicule droit après avoir manifesté contre la réforme des retraites à Paris le 19 janvier. Il a décidé de porter plainte pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique entraînant une mutilation" et accuse un policier d'être à l'origine des faits.

Un homme a annoncé, ce dimanche, à Libération son intention de porter plainte après avoir perdu son testicule droit au cours de la manifestation du 19 janvier contre les retraites à Paris. Le plaintif, Ivan S., âgé de 26 ans, accuse un policier de lui avoir donné sans raison un coup de matraque alors qu'il était au sol, son appareil photo dans une main.

Son avocate Lucie Simon a confirmé à BFMTV qu'un dépôt de plainte était en cours pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique entraînant une mutilation".

"Un grand coup de matraque"

Aux alentours de 16h, alors qu'une personne suspectée d'avoir lancé de gros bouts de bois sur les policiers est interpellée, les forces de l'ordre chargent les manifestants. À ce moment-là, Ivan S. court pour s'éloigner, et chute sur la chaussée, sur le dos.

Un second agent arrive et, selon le récit du photographe fait à Libération, "prend de l'élan, saute avec tout son poids juste à côté de [lui] et, en même temps, [lui] donne un grand coup de matraque au niveau de l'entrejambe".

Une partie de la scène a été diffusée sur notre chaîne en direct au cours de la manifestation, comme l'a rappelé le journaliste de Libération sur Twitter. Le média en ligne AB7 Media a également diffusé ce moment sur les réseaux sociaux. On voit effectivement le policier sauter et donner un coup de matraque dans les testicules du jeune homme, à terre et sur le dos. L'homme, en tenue, pourrait être membre des compagnies d'intervention de la Préfecture de police, selon le liseré bleu sur son casque.

"Mon testicule faisait la taille d'une balle de tennis"

Après avoir reçu des soins sommaires de la part d'autres manifestants, Ivan S., qui n'habite pas dans la capitale, rentre dans le Nord de Paris où il loge. Avec son cousin et un proche, il se rend chez un médecin qui l'oriente vers l'hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement.

"Quand je suis arrivé, mon testicule faisait la taille d’une balle de tennis. On m’a dit qu’on allait m’opérer, et quand je me suis réveillé on m’a annoncé: 'L’opération s’est très bien déroulée, on vous a amputé le testicule droit'", a-t-il raconté à Libération.

La préfecture de Paris, contactée par BFMTV, a indiqué que "dans un contexte d’extrême violence et dans le cadre d’une manœuvre de police pour interpeller des individus violents, le préfet de police a demandé au Directeur de l'ordre public et de la circulation à ce que les circonstances exactes de l’incident rapporté soient éclaircies". Le policier n'a, pour l'heure, pas été identifié et aucune enquête n'a encore été ouverte.

Véran "interpellé" par la séquence

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a dit ce dimanche, sur BFMTV, avoir "beaucoup d'empathie" pour le photographe amputé d'un testicule. Il a toutefois appuyé sur la nécessité de "comprendre le contexte", même si "quand on regarde l'image on est forcément interpellé".

"Il faut comprendre les conditions dans lesquelles cette intervention a été réalisée. Ce que dit la préfecture est que c'était une séquence lourde pour les forces de l'ordre, donc il faut pouvoir identifier ce qui relèverait de la légitime défense ou non", a-t-il conclu, demandant l'ouverture d'une enquête.

Alexandra Gonzalez avec Clément Boutin