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Syrie

Syrie: le président iranien, en visite pour la première fois depuis 2010, estime qu'Assad a remporté la "victoire"

Le président iranien Ebrahim Raïssi accueilli par le président syrien Bachar al-Assad, au palais présidentiel syrien de Damas, le 3 mai 2023.

Le président iranien Ebrahim Raïssi accueilli par le président syrien Bachar al-Assad, au palais présidentiel syrien de Damas, le 3 mai 2023. - IRANIAN PRESIDENCY / AFP

Cette visite du président Ebrahim Raïssi témoigne de l'alliance de longue date entre Téhéran et Damas, qui prend un nouvelle forme dans le contexte de la reconstruction de la Syrie et du dégel des relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a estimé mercredi à Damas que la Syrie de Bachar al-Assad avait "remporté la victoire" dans un pays déchiré par une guerre civile depuis 12 ans, et dont l'Iran est l'un des principaux alliés.

"Le gouvernement et le peuple syriens ont traversé de grandes difficultés, et aujourd'hui, nous pouvons dire que vous avez surmonté tous ces problèmes et remporté la victoire malgré les menaces et les sanctions qui vous ont été imposées", a déclaré Ebrahim Raïssi lors d'une rencontre avec Bachar al-Assad dans un contexte de réchauffement diplomatique dans la région.

Il s'agit de la première visite d'un président iranien en Syrie depuis 2010, alors que Téhéran n'a jamais cessé de fournir un soutien économique, politique et militaire au régime syrien, contribuant à faire basculer le conflit en faveur de Damas. Le président Assad a de son côté estimé que "durant les périodes difficiles", les relations syro-iraniennes étaient "stables et constantes, malgré les graves tempêtes politiques et sécuritaires qui ont frappé le Moyen-Orient".

Grâce à ses alliés russes et iraniens, le régime syrien contrôle aujourd'hui la majorité des territoires perdus depuis le début du conflit en 2011. En dépit d'une nette baisse de l'intensité des combats depuis 2019, les armes ne se sont pas totalement tues.

"Importance stratégique"

La visite d'Ebrahim Raïssi se déroule sur fond de dégel des relations entre les deux poids lourds du Moyen-Orient, l'Arabie saoudite et l'Iran. Le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Bahadori Jahromi, a affirmé que ce voyage, à l'invitation du président Assad, revêtait une "importance stratégique" pour les deux pays et que son objectif était d'ordre "économique".

Ebrahim Raïssi doit discuter des relations bilatérales, des questions économiques et politiques et des "développements positifs" sur le plan diplomatique régional, selon l'agence Sana. Et il devrait visiter plusieurs quartiers de Damas, selon le quotidien syrien pro-gouvernement Al-Watan.

Dès le début du conflit en 2011, Téhéran a envoyé des militaires présentés comme des conseillers, en soutien à l'armée syrienne. L'Iran soutient des groupes étrangers, comme le puissant Hezbollah chiite libanais, qui ont combattu aux côtés des forces gouvernementales.

Depuis 2013, l'Iran a aussi ouvert des lignes de crédit notamment pour garantir les besoins en pétrole de la Syrie, frappée par un embargo international. Damas et Téhéran ont en outre signé des accords bilatéraux début 2019 dans plusieurs domaines, dont l'un comprenait l'inauguration de nouveaux ports dans les villes côtières de Lattaquié et Tartous.

Des accords attendus

Selon Al-Watan, de "nombreux accords et protocoles d'accord" doivent être signés à l'occasion de la visite d'Ebrahim Raïssi, notamment dans le domaine de l'énergie. Le journal a ajouté qu'une nouvelle ligne de crédit à investir dans le secteur de l'électricité devrait être négociée, dans un pays où le courant peut être coupé jusqu'à une vingtaine d'heures par jour.

"La partie iranienne s'est fortement présentée comme un contributeur à la phase de reconstruction", a expliqué à l'AFP l'analyste politique syrien Oussama Dannoura. "La visite permettra d'obtenir des résultats économiques importants et l'accent pourrait être mis sur des stratégies économiques à long terme", a-t-il ajouté.

Le rapprochement inattendu entre l'Arabie saoudite et l'Iran bénéficie à Bachar al-Assad, qui s'efforce de mettre fin à plus d'une décennie d'isolement diplomatique. Plusieurs capitales arabes longtemps hostiles au régime de Damas, notamment Ryad, ont récemment renoué avec lui, en particulier après le séisme dévastateur de février en Turquie et en Syrie.

La visite de M. Raïssi "est devenue plus adéquate après la réconciliation saoudo-iranienne" qui "a eu un impact sur tous les foyers de tension existant encore" dans la région, souligne Oussama Dannoura.

Le dernier président iranien à s'être rendu à Damas est Mahmoud Ahmadinejad, en septembre 2010, avant la guerre en Syrie qui a fait plus d'un demi-million de morts. Le président Assad s'était lui rendu en Iran en mai 2022, pour la deuxième fois depuis le début de la guerre.

G.G. avec AFP