Il s’en est fallu de peu. Un soupçon d’élan supplémentaire et Emmanuel Macron tenait la victoire. La sienne ? Au soir de la finale de la Coupe du monde au Qatar qui a échappé aux Bleus face à l’Argentine, dimanche 18 décembre, le chef de l’Etat espérait-il que le pays oublie un temps la crise énergétique, le choc inflationniste et la réforme des retraites, jugée inique par une grande partie des Français, qu’il envisage de lancer en janvier ?
La défaite, après une séance rageante de tirs au but, n’a pas offert au locataire de l’Elysée cette allégresse insouciante qui aurait remonté, un temps, le moral d’un pays déprimé.
Mais peu importe, a semblé dire Emmanuel Macron. La teneur du match, où l’équipe de France a semblé absente du jeu pendant les quatre-vingts premières minutes, avant de réaliser une spectaculaire remontée – aidée par les trois buts de l’attaquant Kylian Mbappé et le renfort d’une jeune génération de footballeurs prometteurs –, a suffi à servir l’allégorie dont rêvait le président de la République.
Ce match « dit quelque chose de ce que nous sommes », a-t-il expliqué dimanche soir, après la rencontre, depuis la zone mixte du stade de Lusail, près de Doha, décrivant une équipe avec « du cœur et de l’unité » : « C’est ça l’image de la France ! » « Ce que ce match nous dit aussi, c’est qu’il n’y a jamais de scénario écrit d’avance, que c’est toujours possible », a conclu Emmanuel Macron, saluant l’impensable remontada des Bleus.
« C’est la résistance et l’exploit », a-t-il souligné, n’hésitant pas à s’immiscer dans le monde du football pour appeler le sélectionneur, Didier Deschamps, à rester en fonctions. « Je veux qu’il poursuive », a-t-il assuré, appelant l’intéressé à « digérer » la défaite. Une décision qui est pourtant du ressort du président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët.
« Nos compatriotes ont besoin de joies simples et pures »
Le 17 novembre, avant le début de la compétition, le chef de l’Etat avait affirmé qu’il ne fallait pas « politiser le sport ». Une ligne visant à répondre aux critiques de l’opposition sur le coût climatique de l’organisation du Mondial par le Qatar et sur la situation des droits de l’homme dans ce pays.
Mais une attitude intenable pour le président de la République qui se revendique « fan » de football. Comme il l’avait promis, M. Macron s’est rendu au Qatar pour suivre les matchs de l’équipe de France à partir des demi-finales. Depuis la victoire des Bleus face au Maroc le 14 décembre, il s’est investi dans la compétition comme un véritable coach, rendant visite aux joueurs dans les vestiaires à la fin du match. « Nos compatriotes ont besoin de joies simples et pures, le sport en procure et le foot tout particulièrement », expliquait-il, après la demi-finale victorieuse. A l’époque tout était permis.
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