L’armée israélienne a annoncé, lundi 18 mars, avoir « éliminé plus de vingt » combattants palestiniens dans le complexe hospitalier d’Al-Shifa, dans la ville de Gaza, où elle a lancé une opération avant l’aube. « Plus de vingt » autres combattants ont été tués « dans la zone autour de l’hôpital », a ajouté le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari. Plus tôt dans la journée, l’armée avait dit avoir notamment tué Faiq Mabhouh, présenté comme un « le chef des opérations spéciales de l’organisation de sécurité interne du Hamas ».
« Nous avons arrêté plus de 200 terroristes présumés » lors de cette opération, a encore dit Daniel Hagari. « Les troupes israéliennes poursuivent ce soir leurs opérations à l’intérieur du complexe hospitalier. Nous devons fouiller d’autres bâtiments », a-t-il poursuivi, en faisant état « de la présence d’autres terroristes » dans le complexe.
Des habitants du quartier d’Al-Rimal, où se situe l’hôpital, ont dit que « plus de quarante-cinq chars et véhicules blindés de transport de troupes israéliens » étaient entrés dans leur partie de la ville. Un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) a pour sa part rapporté que des frappes aériennes avaient visé plusieurs immeubles du quartier autour de l’établissement. Il a aussi assuré qu’il avait vu des « centaines de personnes, en majorité des enfants, des femmes et des personnes âgées fuir leur domicile » vers d’autres zones de la ville.
Selon le ministère de la santé du Hamas, « des dizaines de milliers » de personnes se trouvaient dans l’hôpital, où vivent des personnes déplacées en raison des combats.
Dans un message publié en arabe sur le réseau social X, un porte-parole de l’armée israélienne a demandé à la population d’évacuer « immédiatement » la zone « vers l’ouest » et de prendre ensuite la route longeant la côte « vers le sud jusqu’à la zone humanitaire de Al-Mawasi », située dans le sud de la bande de Gaza. Des témoins ont dit à l’AFP que des tracts avec ce même message avaient été largués sur la zone.
L’armée israélienne a justifié son opération à par « la présence de terroristes haut-gradés du Hamas » dans l’hôpital. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre, elle a conduit des opérations dans plusieurs plusieurs hôpitaux de la bande de Gaza et accuse le Hamas de se servir de ces établissements de santé comme centres de commandement. Une opération avait déjà eu lieu à Al-Shifa en novembre.
L’armée a publié lundi une vidéo dans laquelle elle montre ce qu’elle dit être des armes et de l’argent utilisés par le Hamas ou le Jihad islamique et saisis dans l’hôpital.
« Cimetière à ciel ouvert »
Selon le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas, « des dizaines de milliers » de personnes se trouvaient dans l’hôpital, où vivent des personnes déplacées en raison des combats. Le mouvement islamiste palestinien a également accusé l’armée israélienne d’avoir « ciblé les bâtiments » d’Al-Shifa en étant « indifférente aux patients, aux équipes médicales et aux personnes déplacées ».
La guerre entre Israël et le Hamas a fait 31 726 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon un bilan diffusé lundi par le ministère de la santé du mouvement islamiste palestinien. Côté israélien, environ 1 160 personnes sont mortes – il s’agit aussi de civils pour la plupart, tués lors de l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023 –, selon un décompte de l’AFP, établi à partir de sources officielles israéliennes.
La situation est jugée « terriblement » préoccupante par le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Tout combat ou militarisation de l’établissement compromet les services de santé, l’accès pour les ambulances et l’acheminent de fournitures destinées à sauver des vies », a-t-il averti sur X.
La bande de Gaza est désormais « le plus grand cimetière à ciel ouvert » après avoir été « la plus grande prison à ciel ouvert », a de son côté dénoncé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Dans l’enclave palestinienne, « nous ne sommes plus au bord de la famine, nous sommes face à une famine qui affecte des milliers de personnes », a-t-il également dit. Pourtant, des « centaines de camions » transportant de la nourriture et de l’aide humanitaire attendent d’entrer à Gaza, faute d’y être autorisés par les autorités israéliennes. La « famine est utilisée comme une arme de guerre », a encore dénoncé M. Borrell, comme il l’avait déjà fait la semaine dernière devant les Nations unies à New York.
« Il est temps que (…) Josep Borrell arrête d’attaquer Israël et reconnaisse notre droit à nous défendre contre les crimes du Hamas », a aussitôt répondu le ministre des affaires étrangères israélien, Israël Katz, sur X. « Israël autorise une importante aide humanitaire à Gaza, par terre, air et mer pour quiconque veut aider », a-t-il affirmé.
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