(Re)décollage

En 2022, le trafic aérien a repris des couleurs en Europe mais reste en dessous de son niveau d’avant Covid

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Si le nombre de vols au départ et à l’arrivée du territoire européen a fortement augmenté en un an, il reste encore 17 % en dessous du niveau de 2019, avant la pandémie.
par LIBERATION et AFP
publié le 2 janvier 2023 à 16h54

Un rebond solide. En 2022, le trafic aérien européen a retrouvé 83 % de son niveau de 2019, avant la crise sanitaire, selon l’organisme Eurocontrol. Au total, 9,3 millions de vols ont atterri ou sont partis du territoire européen, soit 3,1 millions de plus qu’en 2021. Mais ce chiffre atteignait 11,1 millions en 2019.

La hausse par rapport à l’année précédente a notamment été poussée par les compagnies à bas prix et les destinations du sud de l’Europe. L’organisme de surveillance du trafic aérien a en revanche repoussé d’un an, à 2025, son estimation d’un retour aux chiffres d’avant-Covid, en citant comme facteurs ralentissant la faiblesse de la reprise économique, l’inflation et le risque de poursuite de la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Les compagnies aériennes et aéroports européens ont accueilli environ deux milliards de passagers l’année dernière, contre 2,42 milliards en 2019, avec de «fortes disparités» selon les pays et les transporteurs. Ainsi, l’Allemagne n’a retrouvé en 2022 que 75 % de son trafic d’avant-crise, la France 86 %, l’Espagne 91 % et le Portugal 96 %. La Grèce (101 %) et l’Albanie (137 %) ont au contraire enregistré un volume supérieur à 2019.

Les compagnies classiques toujours à la peine

Côté compagnies, ce sont les low-cost qui sont sorties renforcées de la crise, retrouvant 85 % de leur trafic de 2019, contre 75 % pour les transporteurs classiques. Ryanair a conforté sa première place européenne, en réalisant l’an dernier 109 % de ses vols de trois ans plus tôt, comme Volotea. Les vols Air France ont représenté 80 % du niveau de 2019, ceux de Lufthansa 72 %, un peu mieux que British Airways (71 %), selon Eurocontrol.

«En 2022, l’aviation européenne a résisté à la tempête», résume l’organisme. Après le variant omicron en début d’année puis l’invasion de l’Ukraine, «le trafic a quand même retrouvé 86 % [du niveau de 2019] en mai et est resté jusqu’à la fin de l’année dans une fourchette étroite de 86 % à 88 %», détaille-t-il.

Eurocontrol prédit que le nombre de vols annuels dans sa zone de compétence atteindra cette année 92 % du nombre de 2019, mais prévoit une année «difficile», l’enjeu étant de limiter les retards, fléau qui a affecté de nombreux voyageurs notamment au début de l’été 2022. Conséquence notamment d’une pénurie de main-d’œuvre dans les aéroports, le nombre de vols ponctuels à l’arrivée et au départ a atteint respectivement 72 % et 66 % des totaux, soit 6 ou 7 points de pourcentage de moins qu’en 2019.

Des vols toujours ultra-polluants

Alors que le secteur aérien est sous pression pour réduire ses émissions de CO2, Eurocontrol s’est aussi efforcé de calculer les mesures à mettre en œuvre pour appliquer le paquet climat européen («Fit for 55») destiné à réduire d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre de l’UE. L’écrasante majorité (83 %) des gains à attendre reposera sur les mécanismes de compensation carbone européen (ETS) et internationaux (Corsia).

Le remplacement des avions par des appareils consommant moins de carburant, l’introduction croissante de carburants d’aviation durables et la modernisation des systèmes de contrôle du trafic aérien ne représenteront que 30 millions de tonnes de CO2 sur les 176 à économiser d’ici à 2030 par le secteur aérien, selon l’organisme. En 2022, les long-courriers (plus de 4 000 kilomètres de trajet) ont représenté 5,5 % des vols, mais 43,9 % des émissions, tandis que les vols de moins de 500 kilomètres ont représenté 29 % du trafic mais 5,5 % des émissions de CO2.

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