Guerre Hamas-Israël : Tsahal dit avoir trouvé des armes dans l’hôpital al-Chifa, le Hamas dément

L’armée israélienne a mené une opération « ciblée » dans l’hôpital et dit y avoir trouvé « des munitions, des armes et des équipements militaires » du Hamas, qui dément.

Par Q.M. avec AFP

Les combats s'intensifient depuis mercredi autour de l'hôpital al-Chifa, à Gaza, où l'armée israélienne mène une opération  « ciblée ».
Les combats s'intensifient depuis mercredi autour de l'hôpital al-Chifa, à Gaza, où l'armée israélienne mène une opération  « ciblée ». © - / AFP

Temps de lecture : 7 min

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L'armée israélienne a dit avoir trouvé « des munitions, des armes et des équipements militaires » du Hamas dans l'hôpital al-Chifa de Gaza où elle est intervenue militairement mercredi. « Nous avons la preuve que l'hôpital servait à des fins militaires et terroristes contrairement aux lois internationales », a déclaré à la presse le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari. Le ministère de la Santé du Hamas a, dans le même temps, affirmé que l'armée israélienne « n'a trouvé ni armes ni équipement » militaire dans le bâtiment, assurant « ne pas autoriser » la présence d'armes dans ses établissements.

Une opération « ciblée » contre le mouvement islamiste Hamas dans l'hôpital al-Chifa, le plus important de la bande de Gaza, a été menée par l'armée israélienne. « Les forces de défense israéliennes mènent une opération ciblée et de précision contre le Hamas dans un secteur spécifique de l'hôpital al-Chifa », a indiqué tôt mercredi l'armée dans un communiqué en anglais.

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L'armée israélienne dispose sur place « d'équipes médicales et de personnes parlant arabe qui ont été entraînées spécifiquement pour cet environnement sensible et complexe, et ce, dans le but qu'aucun tort ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains », a-t-elle ajouté sans préciser ses cibles.

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Dans la soirée, un journaliste collaborant avec l'AFP a annoncé mercredi soir le retrait des soldats et chars israéliens mobilisés dans l'enceinte du bâtiment pour se repositionner autour de l'immense complexe. Contactée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Lors de son opération dans l'hôpital, l'armée a interrogé des dizaines de civils, dont certains ont été déshabillés, les laissant en sous-vêtements, a ajouté le journaliste, selon lequel tous ont été relâchés. En se retirant, les soldats israéliens ont laissé derrière eux des médicaments, de la nourriture pour nourrissons et des bouteilles d'eau, a-t-il poursuivi.

L'ONU « horrifiée »

Dans la matinée, mercredi, plusieurs organisations internationales ont réagi à cette opération militaire. Le patron de l'OMS indique être « extrêmement inquiet » après le raid des soldats israéliens. Idem pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le CICR rappelle que « les patients, le personnel médical et les civils doivent être protégés à tout moment » et indique être en contact « avec les autorités concernées. » De son côté, l'ONU se dit « horrifiée » par l'opération.

Dans un communiqué publié ce mercredi dans la journée, Martin Griffiths, le chef des affaires humanitaires de l'ONU, demande que « le carnage à Gaza » cesse, évoquant les bombardements sur l'hôpital et les morts d'enfants rapportées : « Alors que le carnage à Gaza atteint chaque jour de nouveaux niveaux d'horreur, le monde continue d'être sous le choc », a-t-il déploré. Et d'ajouter dans son message, repris par l'AFP : « Des hôpitaux sont la cible de tirs, des bébés prématurés meurent et une population entière est privée de moyens essentiels de subsistance. Cela ne peut pas continuer. »

Je suis dans l’hôpital et je vois des dizaines de soldats et de commandos aux urgences et à la réception.Youssef Abul Reesh, un haut responsable du ministère de la Santé (contrôlé par le Hamas)

Un haut responsable de l'administration gazaouie contrôlée par le groupe terroriste Hamas a déclaré à l'AFP voir des « chars » et des « commandos » dans le complexe de l'hôpital. « Je suis dans l'hôpital et je vois des dizaines de soldats et de commandos aux urgences et à la réception et il y a des chars qui sont entrés dans le complexe de l'hôpital », a déclaré à l'AFP Youssef Abul Reesh, un haut responsable du ministère de la Santé (contrôlé par le Hamas). Ce dernier appelant l'ONU et la communauté internationale à intervenir « immédiatement » pour mettre fin à cette opération.

« Très vive préoccupation » de Paris

De son côté, Paris a exprimé sa « très vive préoccupation face aux opérations militaires israéliennes dans l'hôpital al-Chifa », estimant que la population palestinienne n'avait « pas à payer pour les crimes du Hamas ». « Aucune utilisation d'infrastructures civiles à des fins militaires n'est acceptable », affirme aussi le Quai d'Orsay, faisant référence aux accusations d'Israël selon lesquelles le Hamas se servirait de l'hôpital comme base militaire.

La France a ainsi rappelé via une déclaration de son ministère des Affaires étrangères, « la nécessité absolue pour Israël de se conformer au droit international humanitaire », en protégeant notamment « les infrastructures hospitalières ».

Des caméras de reconnaissance utilisées

Des dizaines de soldats israéliens, certains cagoulés et tirant en l'air, ordonnent aux Gazaouis réfugiés dans l'hôpital al-Chifa de se rendre : la bataille autour du plus grand hôpital de la bande de Gaza se déroule désormais dans ses services et ses étages, rapporte à l'AFP un journaliste – sur place – collaborant avec l'agence de presse française.

À l'intérieur, dans les couloirs des différents départements d'al-Chifa, dont la construction remonte à 1946 et où opèrent des équipes de Médecins sans frontières (MSF), les soldats tirent en l'air en allant de pièce en pièce, recherchant visiblement des combattants du Hamas. Des femmes, des enfants en pleurs sont fouillés. D'autres doivent passer sous une borne équipée d'une caméra de reconnaissance, les mêmes qui ont été installées le long des couloirs d'évacuation vers le sud de la bande de Gaza, selon le journaliste.

D'après les médecins et des ONG internationales sur place et citées par l'AFP, aucun d'entre eux ne peut sortir sous peine d'être visé par des tirs alors que les combats font rage aux alentours.

Plusieurs milliers de personnes, malades, personnel médical et civils déplacés par la guerre qui fait rage depuis le 7 octobre, s'entassent sur le site de l'hôpital al-Chifa, qui était encerclé par l'armée israélienne. Le directeur de l'hôpital a déclaré qu'au moins « 179 corps » avaient été enterrés mardi dans une fosse commune. Dans la nuit de mardi à mercredi, le ministère de la Santé dans la bande de Gaza avait indiqué avoir été notifié par l'armée israélienne de son intention de mener une opération dans cet hôpital au cœur du conflit entre le Hamas et l'armée israélienne.

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« Nous tenons l'Occupation (nom donné par le Hamas à Israël, NDLR), la communauté internationale, les États-Unis entièrement responsables de la sécurité des milliers de membres des équipes médicales, des blessés, déplacés dans l'enceinte. Nous mettons en garde contre un massacre à l'hôpital », avait indiqué le ministère.

Les États-Unis confirment les informations israéliennes, sans donner leur feu vert

L'armée israélienne estime que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert, selon elle, de la population comme de « boucliers humains ». Renchérissant sur des affirmations de son allié israélien, la Maison-Blanche a assuré mardi que le Hamas et l'autre groupe islamiste palestinien du Jihad islamique avaient « un centre de commandement et de contrôle depuis l'hôpital al-Chifa ». Washington avait appelé ces derniers jours son allié israélien à la retenue à propos de l'hôpital al-Chifa.

La Maison-Blanche a par ailleurs rectifié ce mercredi soir cet appui envers la défense d'Israël, soulignant qu'il n'est en aucun cas inconditionnel, pour éviter toute méprise. Les États-Unis « n'ont pas donné de feu vert aux opérations (de l'armée israélienne) autour de l'hôpital al-Chifa » à Gaza, pas plus qu'ils ne le font pour les autres décisions militaires d'Israël », a ainsi fait savoir un porte-parole de la présidence.

« Nous avons toujours été très clairs avec nos partenaires israéliens sur l'importance de minimiser les pertes civiles. Nous avons aussi été très clairs avec eux sur le fait qu'il faut faire particulièrement attention lorsque l'on parle d'hôpitaux », a ajouté John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.

Le Hamas réfute ces accusations

Ces accusations ont été rejetées mardi par le mouvement islamiste Hamas. « L'adoption par la Maison-Blanche et le Pentagone du faux récit de l'occupation selon lequel la résistance utilise le complexe médical al-Chifa à des fins militaires a donné le feu vert à l'occupation pour commettre davantage de massacres contre les civils », a affirmé le Hamas, organisation classée « terroriste » par les États-Unis, l'Union européenne et Israël.

À LIRE AUSSI Hamas : et à la fin, c'est le mal qui gagneMercredi matin, l'armée israélienne a aussi annoncé avoir « livré des couveuses, de la nourriture pour bébé et du matériel médical » en marge de son « opération ». Si, chaque jour, l'ONU, des ONG internationales et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) répètent qu'un hôpital « ne devrait jamais être attaqué », pour Israël, l'entrée de ses troupes à al-Chifa ne viole pas le droit international.

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Commentaires (19)

  • baboupepito

    L appui de l Afp est une fois de plu s exemplaire comme d habitude !

  • Dinarobyn

    Des armes dans un hôpital à Gaza ? Non... A part à des fins médicales (pour la rééducation des blessés, tout ça... ), cela parait peu crédible.

  • neyam

    Aussi crédible que l'équipe négationistes de LFI.