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Indonésie : le Parlement criminalise les relations sexuelles hors mariage

Un texte interdisant les relations sexuelles hors mariage, en Indonésie, a été adopté lors d'une réforme du Code pénal, mardi, suscitant l'indignation des groupes de défense des droits humains.

Des manifestants brandissent des pancartes pour protester contre la réforme du Code pénal, en Indonésie, mardi 6 décembre 2022.
Des manifestants brandissent des pancartes pour protester contre la réforme du Code pénal, en Indonésie, mardi 6 décembre 2022. © Adek Berry, AFP
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Le Parlement indonésien a approuvé mardi 6 décembre un texte criminalisant le sexe hors mariage et le concubinage, dénoncé par les défenseurs des droits humains comme un recul des libertés et un glissement vers le fondamentalisme dans le pays à majorité musulmane le plus peuplé du monde.

Cette réforme du code pénal, lequel date de l'époque coloniale néerlandaise, a été adoptée à la majorité des députés. Le texte, qui doit encore être signé par le président, entrera en vigueur dans trois ans. Il rend passibles d'un an de prison les relations sexuelles hors mariage, et de six mois de prison la cohabitation des couples non-mariés, selon un exemplaire de la loi consulté par l'AFP.

"Nous avons fait de notre mieux pour tenir compte des questions importantes et des différentes opinions qui ont été débattues", a déclaré devant le Parlement le ministre de la Justice, Yasonna Laoly. "Cependant, il est temps pour nous de prendre une décision historique sur l'amendement du code pénal, et de laisser derrière nous le code pénal colonial dont nous avons hérité" lors de l'indépendance du pays en 1949, a-t-il ajouté.

Un porte-parole du comité chargé d'élaborer le projet au ministère de la Justice, Albert Aries, a affirmé que la réforme protégera l'institution du mariage. Il a souligné que les actes sexuels pré-maritaux et extra-maritaux ne pourront être signalés que par le conjoint, les parents ou les enfants, ce qui limite de facto la portée du texte. Mais les détracteurs de la nouvelle loi l'ont dénoncée comme instituant une atteinte à la liberté des mœurs.

"Démocratie en déclin"

Les premières versions du projet de loi prévoyaient de rendre l'homosexualité illégale, mais cette disposition a disparu du texte final.

Selon les groupes de défense des droits humains, les nouveaux amendements soulignent un glissement croissant vers le fondamentalisme dans un pays longtemps salué pour sa tolérance religieuse et où la laïcité est inscrite dans la Constitution.

Les nouvelles règles pourraient également avoir un impact majeur sur la communauté LGBTQ en Indonésie, où le mariage entre personnes du même sexe n'est pas autorisé. "Nous reculons... les lois répressives auraient dû être abolies. Mais le projet de loi montre que les arguments des universitaires étrangers sont vrais, que notre démocratie est indiscutablement en déclin", a déclaré à l'AFP Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie.

Le blasphème élargi

En 2019, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour protester contre un projet de loi similaire, forçant le gouvernement à faire marche arrière. Le nouveau code contient plusieurs nouveaux articles sur le blasphème, déjà un crime en Indonésie, qui élargissent sa définition. Désormais, le fait de d'encourager ou de forcer autrui à renoncer à sa religion, l'apostasie, est aussi un crime passible de peines de prison.

La réforme punit en outre jusqu'à quatre ans de prison la diffusion d'une idéologie "contraire au Pancasila" - l'idéologie officielle indonésienne, qui met l'accent sur l'unité et le respect des minorités ethniques et religieuses.

Autre réforme approuvée mardi : la peine de mort, souvent prononcée en Indonésie pour les crimes liés à la drogue, sera désormais assortie d'une période de probation de dix ans, à l'issue de laquelle elle pourra être commuée en prison à vie si le condamné a fait preuve d'un comportement exemplaire.

Une centaine de personnes qui protestaient contre le projet de loi avaient déployé lundi à Jakarta une banderole jaune sur laquelle on pouvait lire : "Rejetez l'adoption de la révision du code pénal".

Certaines ont déposé des pétales de fleurs sur la banderole comme on le fait pour des funérailles. Selon Abdul Ghofar, militant du groupe environnemental indonésien WALHI, ces actes symboliques traduisaient le "chagrin" du public face à l'adoption imminente de la révision.

Bambang Wuryanto, le chef de la commission parlementaire qui a supervisé les délibérations sur le texte, a reconnu que "c'est un produit humain et qu'il ne sera donc jamais parfait". Mais il a invité les critiques à "déposer un recours judiciaire auprès de la cour constitutionnelle" au lieu de manifester.

Avec AFP

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