MÉTÉO - Une montée des températures « vertigineuses ». Après une quinzaine plutôt fraîche pour la saison dans la moitié nord de la France, un pic de chaleur est attendu ce mercredi 9 août, avec un mercure qui culminera entre 30 et 36 degrés dans le sud de l’Hexagone, prévoit Météo France. Mais les fortes chaleurs ne devraient pas durer, car dès jeudi, des orages pourraient éclater.
Sur la moitié sud, « le soleil va briller sans compter du matin au soir », poursuit le prévisionniste, dans son bulletin de mardi. À une exception près : des nuages bas vont obscurcir le ciel sur le littoral de la Provence-Alpes-Côte d’Azur, notamment sur les calanques. Pour le nord, le temps sera plus maussade mais s’éclaircira dans l’après-midi, avec des pointes à 29 degrés attendues.
Froid, chaud, de nouveau froid, mais à quoi joue la météo cet été ? Est-ce normal que les températures passent aussi rapidement au-dessus des normales de saison après plusieurs jours bien en deçà ? Vivons-nous un été « atypique » ? Patrick Galois, ingénieur prévisionniste à Météo France, a répondu aux questions du HuffPost.
Quel phénomène météorologique explique l’arrivée de la chaleur en France ?
C’est un effet de « balancier » de masses d’air. Nous allons passer d’une masse d’air très fraîche, à une situation complètement inversée en milieu de semaine prochaine. L’anticyclone des Açores va remonter vers la France, et entraîner une masse d’air chaude d’origine subtropical, qui sera particulièrement impressionnante dans le sud-ouest de la France, où les températures pourront grimper de 15 à 20 degrés par rapport à ce week-end.
Le pic de chaleur sera atteint dans le sud-ouest ce mercredi, avec des températures dépassant les 35 °C, et même s’approchant des 40 °C au pied des Pyrénées, à côté du Pays basque ou du Béarn.
À partir de mercredi, cette masse d’air chaude va remonter sur l’ensemble de la France tout en s’atténuant, et les 30 °C pourront être franchis dans certains départements plus au nord. Il fera plus chaud dans l’Est jeudi, et dans le sud-est vendredi, alors que l’on observera une chute des températures dans le nord de la Loire.
On s’attend également à une nouvelle hausse des températures pour le week-end prolongé du 15 août, avec des chaleurs estivales qui dépasseront parfois les 35 °C.
Après une météo maussade marquée par les dépressions « Patricia » et « Antoni » cette semaine, la chaleur débarque dans l’Hexagone en quelques jours. Un changement de météo aussi brutal est-il fréquent ?
Nous allons effectivement passer d’un extrême à l’autre : après un pic de fraîcheur de vendredi à dimanche, avec des températures 10 degrés en dessous des normales de saison au nord-est, nous aurons mercredi des températures 8 degrés au-dessus des normales.
La France se trouve aux latitudes tempérées, au carrefour entre les masses d’air froides d’origine polaire, et celles chaudes qui viennent des régions tropicales. Il est donc normal d’avoir une succession d’épisodes froids, puis chauds. C’est typique de la variabilité des climats tempérés comme la France.
L’été 2023 semble très contrasté. Nous avons connu de très fortes chaleurs en Méditerranée en juillet, puis de la fraîcheur au nord-ouest début août. Vivons-nous un été atypique ?
Non, l’été 2023 n’est pas atypique, car il n’existe pas d’été typique. En 2022, nous avons eu une succession d’épisodes caniculaires, avec un été qui a terminé sur la deuxième marche des étés les plus chauds après 2003. Mais souvenons-nous qu’en 2021, c’était tout le contraire : un été très humide, des inondations en juillet et en août. Les étés peuvent être très changeants d’une année sur l’autre.
Que répondriez-vous à un Français qui douterait du changement climatique après ces quelques jours de fraîcheur en France ?
Déjà, ce n’est pas vraiment de la fraîcheur sur la durée. En France, le mois de juillet a été plus chaud que la normale, d’environ 0,8 degré (par rapport à la période 1850-1900, ndlr). La forte chaleur s’est réfugiée autour de la Méditerranée, à tel point que certaines villes ont connu leur mois le plus chaud jamais enregistré, comme à Hyères, dans le Var, ou à Calvi, en Haute-Corse.
Ensuite, il ne faut pas confondre météo et climat. La météo a toujours été variable, et il est logique que, par moments, les températures soient sous les normales. Il est nécessaire d’observer le climat sur une échelle spatiale et temporelle plus large. Par exemple, on a connu au niveau de la planète le mois le plus chaud jamais observé, avec des vagues de chaleur intenses au niveau du continent américain, à l’Est de l’Asie… Et en Méditerranée les températures ont frôlé les 50 degrés.
En ce moment, alors que l’hémisphère sud est en saison hivernale, des pays comme l’Argentine battent des records de chaleur en plein hiver. Les quelques jours de fraîcheur sur une partie de l’Europe ne remettent pas en cause le changement climatique.
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