Une femme condamnée en Italie pour avoir défiguré un ex-petit ami à l'acide s'est vu retiré son enfant lors de sa naissance en prison

Des baisses spectaculaires des taux de fécondité dans le monde devraient transformer les schémas démographiques mondiaux d’ici 2100.

afp.com/Joel Saget

Tout commence par un paradoxe. En novembre 2022, le monde comptait 8 milliards d’êtres humains pour la première fois de l’histoire, trois fois plus que les 2,5 milliards comptabilisés en 1950. Et ce chiffre va continuer à grossir avec environ 9,7 milliards de personnes en 2050, avant un pic potentiel à 10,4 milliards dans les années 2080 et une stagnation jusqu’à la fin du siècle, selon les projections de l'ONU. Pourtant, dans le même temps, un grand nombre de pays, notamment développés, font face à une crise sans précédent de la natalité depuis 1945. En janvier dernier, les chiffres de la France avaient fait l’effet d’une bombe : le nombre de naissances a reculé de 6,6 % en 2023 dans le pays, passant sous la barre symbolique des 700 000 pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Corée du Sud, le Japon, l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne suivent le même chemin. Conséquence : le rythme de la croissance de la population mondiale, s’il continue de progresser, a radicalement baissé depuis le pic des années 1960, chutant en dessous des 1 % en 2020. Et la situation ne risque pas de s’améliorer selon une étude publiée ce jeudi 21 mars par The Lancet, qui affirme : "Le monde se rapproche d’un avenir avec une faible fécondité."

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D’après cet article paru dans le très sérieux magazine britannique et mené par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’University of Washington’s School of Medicine, plus des trois quarts des Etats n’auront pas des taux de fécondité suffisants (soit moins de 2,1 enfants par femme) pour maintenir la taille de leur population d’ici 2050. Une proportion qui passera à 97 % en 2100. En 2021, le taux de fécondité moyen était de 2,2 enfants par femme, contre environ 5 en 1950. Aujourd'hui, près de la moitié des Etats se situent déjà en dessous du seuil de 2,1 enfants par femme. Une tendance particulièrement inquiétante dans des pays comme la Corée du Sud et la Serbie, où ce taux est inférieur à 1,1 enfant par femme. Mais dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, les taux de fécondité restent élevés : le taux de fécondité moyen de la région est près de deux fois supérieur à la moyenne mondiale, soit 4 enfants par femme en 2021. Au Tchad, il est le plus élevé au monde avec 7 enfants.

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Au cours des prochaines décennies, la fécondité mondiale devrait encore diminuer pour atteindre 1,8 enfant en 2050, et 1,6 en 2100. Soit un taux bien en dessous du niveau de remplacement de la population. D’ici 2100, seuls six pays devraient avoir des taux de fécondité supérieurs à 2,1 naissances par femme : les Samoa, Tonga, la Somalie, le Niger, le Tchad et le Tadjikistan, estiment les chercheurs américains. A l’inverse, ce taux devrait tomber en deça d’un enfant par femme dans 13 pays, dont le Bangladesh, le Bhoutan, le Népal ou l’Arabie saoudite. En Europe occidentale, précisent les auteurs du rapport, ce taux de fécondité moyen devrait être de 1,44 enfant en 2050, puis tomber à 1,37 en 2100. La France, où ce taux s’établit à 1,68 enfant par femme en 2023, devrait profiter des taux les plus élevés du Vieux Continent avec 1,56 enfant en 2050 et 1,43 en 2100. Concrètement, seuls 26 pays verront leur population croître à la fin du siècle, avec un nombre de décès inférieur à celui des naissances, notamment l’Angola, la Zambie et l’Ouganda, selon ces projections.

Un monde à deux vitesses

Dans la continuité de ce que l’on observe aujourd’hui, les pays développés seraient les plus touchés, quand ceux à faibles revenus verraient leur part du nombre de naissance dans le monde passer de 18 % en 2021 à 35 % à la fin du siècle. Dans le détail, un enfant sur deux verra le jour en Afrique subsaharienne en 2100 (contre 29 % en 2021). On se dirige donc vers un monde divisé en deux, pour schématiser : les Etats riches avec un faible taux de fécondité d’un côté ; les Etats "pauvres" avec un nombre de naissances en hausse de l’autre. Dans les premiers, préviennent les auteurs, les gouvernements devront adopter des politiques de soutien aux parents et favoriser une immigration "éthique et efficace" afin de maintenir la taille de la population et la vigueur de l’économie, car le manque de main-d’œuvre couplé au vieillissement de la population mettra à rude épreuve la croissance, les systèmes de santé et de sécurité sociale. Dans les seconds, on privilégiera un meilleur accès aux contraceptifs et à l’éducation des femmes afin de réduire les taux de natalité.

"Un défi majeur pour les pays d’Afrique subsaharienne ayant la fécondité la plus élevée est de gérer les risques associés à une croissance démographique croissante ou de risquer une catastrophe humanitaire potentielle", a déclaré le coauteur principal et professeur adjoint par intérim de l’IHME, le Dr Austin E. Schumacher. "Nous serons confrontés à des changements sociaux stupéfiants au cours du XXIe siècle", a pour sa part déclaré le Pr Stein Emil Vollset, auteur principal de l’étude. "Le monde sera confronté simultanément à un 'baby-boom' dans certains pays et à un 'baby-bust' [NDLR : un déclin de la natalité] dans d’autres", poursuit-il. Ce qui pourrait aussi se traduire par une possible bascule dans les relations géopolitiques, avec un âge moyen assez élevé en Europe, par exemple, de 41,7 ans en 2050 contre 17,6 ans en Afrique subsaharienne.

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Dans le même temps, l’espérance de vie ne fera qu’augmenter : elle était de 72,8 ans en 2019 et atteindra 77,2 ans en 2050, selon l'ONU. Résultat, combiné à la baisse de la fécondité, la part des plus de 65 ans devrait passer de 10 % en 2022 à 16 % au milieu du siècle. Un vieillissement qui aura des effets sur le marché du travail, les systèmes de retraite ou encore la prise en charge des personnes âgées.

Hausse de l’infertilité

Plusieurs raisons peuvent expliquer la baisse du taux de fécondité : difficultés économiques, pessimisme envers l’avenir ou encore le fait que les femmes fassent des enfants de plus en plus tard. En quatre décennies, l’âge à la maternité a augmenté de cinq ans en France, sachant que la fertilité décline progressivement après 30 ans. Côté scientifique, la hausse de l’infertilité est également explorée. Elle touche une personne sur six dans le monde, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé publié en avril 2023. En France, l’incapacité à procréer touche plus de trois millions de citoyens, et un couple sur quatre en désir d’enfants ne parvient pas à obtenir une grossesse après douze mois ou plus d’essai, selon un rapport remis à l’exécutif en février 2022 et copiloté par le Pr Samir Hamamah, chef de service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier. Des causes médicales (endométriose touchant une femme sur six dans le monde, syndrome des ovaires polykystiques chez les femmes…), des facteurs liés au mode de vie (tabac, alcool, obésité…) mais aussi une baisse de la qualité du sperme pouvant être partiellement liée à des facteurs environnementaux (pollution chimique) sont évoqués.

En janvier dernier, Emmanuel Macron a annoncé un plan de lutte contre l’infertilité, qualifié de "tabou du siècle" par le président de la République. Ses conclusions devraient être connues d’ici le mois de juillet, selon l’Elysée. Sur le contenu, "plusieurs pistes sont déjà envisagées", dont : s’appuyer sur les nouveaux rendez-vous de prévention accessibles aux âges-clefs, en l’occurrence lors du rendez-vous à 25 ans, où les médecins proposeront la réalisation d’un examen gynécologique ou d’un spermogramme, entièrement remboursés par la Sécurité sociale. Le futur plan comportera aussi un volet sur les perturbateurs endocriniens, qui font partie des éléments expliquant la hausse de l’infertilité, selon le palais présidentiel. Dans les autres réflexions : l’accompagnement des personnes en parcours PMA, qui peut affecter lourdement la vie au travail.

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