Au Kenya, reprise des négociations sur la lutte contre la pollution plastique

  • L'enjeu est de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans et au sommet des montagnes.
    L'enjeu est de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans et au sommet des montagnes. D-Keine / Getty Images
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ETX Daily Up

(AFP) - Vers la fin de la pollution plastique? Des représentants de 175 pays se réunissent à partir de lundi au Kenya pour négocier pour la première fois des mesures concrètes qui doivent être incluses dans un traité mondial contraignant pour mettre fin aux déchets plastiques.

Les pays se sont mis d'accord l'année dernière pour finaliser d'ici fin 2024 un premier traité mondial pour lutter contre le fléau des plastiques.

L'enjeu est de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang ou le lait maternel.

Les négociateurs se sont déjà réunis à deux reprises, mais le rendez-vous du 13 au 19 novembre à Nairobi, siège du programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), constitue la première occasion de débattre d'un projet de traité publié en septembre qui dessine les nombreuses voies permettant de résoudre le problème du plastique.

Un large consensus existe sur la nécessité d'un traité.

Mais entre les politiques défendues par les différents pays, les défenseurs de l'environnement et les industriels du plastique, les positions divergent.

"C'est la grande bataille à laquelle nous allons assister maintenant", explique Eirik Lindebjerg de l'ONG WWF, qui fera partie des milliers de participants aux négociations.

Plusieurs pays et des ONG de défense de l'environnement plaident en faveur de l'interdiction des produits plastiques à usage unique et de règles plus strictes, entre autres mesures dites à "ambition élevée".

Les industriels et les principaux pays producteurs militent de leur côté pour le recyclage et une meilleure gestion des déchets.

- "Fermer le robinet" -

Le "projet zéro" met toutes les options sur la table.

Le traité pourrait être un pacte pour la nature ou "un accord confortable avec l'industrie du plastique", selon la direction que prendront les négociations, a averti en octobre l'envoyé spécial des Nations unies pour l'océan, Peter Thomson.

La pollution plastique devrait s'aggraver: la production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. Or, seulement 9% sont recyclés.

Le plastique joue aussi un rôle dans le réchauffement climatique: il représentait 3,4% des émissions mondiales en 2019, chiffre qui pourrait plus que doubler d'ici à 2060 selon l'OCDE.

En amont des discussions à Nairobi, une soixantaine de pays ont exprimé leurs inquiétudes face à cette tendance et ont appelé à "des dispositions contraignantes dans le traité pour restreindre et réduire la consommation et la production" de plastique.

Graham Forbes, responsable chez Greenpeace, affirme que le traité sera un succès ou un échec "en fonction de la manière dont il limitera la production de plastique en amont": "Vous ne pouvez pas empêcher la baignoire de déborder tant que vous n'avez pas fermé le robinet", soutient-il.

- "Idéologie de l'émotion" -

A l'opposé, de nombreux pays - notamment les Etats-Unis, la Chine, l'Arabie saoudite et des membres de l'Opep - sont réticents à envisager une réduction de la production.

L'EPS Industry Alliance, une association nord-américaine qui défend les entreprises de polystyrène expansé (fréquemment utilisé aux Etats-Unis dans la restauration à emporter pour les gobelets), affirme de son côté qu'il n'y a pas eu suffisamment "d'examen scientifique indépendant" du traité, mettant en garde contre les "conséquences inattendues" de certaines propositions.

"Il existe une énorme quantité de rhétorique autour du plastique qui est truffée d'idéologie de l'émotion", soutient la directrice exécutive de l'association, Betsy Bowers, qui assistera aux négociations en tant qu'observatrice.

La réunion de Nairobi est la troisième des cinq sessions d'un processus accéléré visant à conclure les négociations l'année prochaine. Après la capitale kényane, les négociations doivent se poursuivre en avril 2024 au Canada pour se conclure en Corée du Sud en fin d'année 2024.

En octobre, les Fidji ont exhorté les nations à agir pour conclure le traité, affirmant que les petites nations insulaires avaient besoin d'actions plus rapides.

Lors des dernières négociations à Paris en juin, des défenseurs de l'environnement ont accusé les grands pays producteurs de plastique de faire traîner en longueur les discussions.

Cette fois-ci, les sessions ont été prolongées de deux jours.

Mais cela sera-t-il suffisant?

"S'ils ne parviennent pas à progresser ici (à Nairobi, Ndlr), 2024 sera très intense s'ils veulent parvenir à un traité significatif d'ici la fin" de l'année, affirme Eirik Lindebjerg.

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