La CIA a sérieusement envisagé de supprimer Julian Assange en 2017. “De hauts responsables” des services secrets américains ont discuté d’une opération pour “enlever et même assassiner le fondateur de WikiLeaks”, rapporte le Guardian.

Selon une enquête publiée dimanche 26 septembre par Yahoo News, ces discussions remontent à 2017, alors que l’activiste australien entamait sa cinquième année de réclusion dans l’ambassade d’Équateur à Londres. “Le directeur de la CIA de l’époque, Mike Pompeo, et de hauts responsables de l’agence étaient furieux de la publication par WikiLeaks de Vault 7, un ensemble de logiciels de piratage de la CIA, une brèche dont l’agence juge qu’elle constitue la plus grande perte de données de son histoire”, relate le quotidien britannique. Un responsable de la sécurité sous la présidence Trump cité par Yahoo explique :

Ils planaient tellement ils étaient embourbés dans [l’affaire] Vault 7. Il. Ils voulaient voir du sang.”

L’enquête basée sur les témoignages d’une trentaine d’anciens responsables du renseignement américain révèle que des dirigeants de la CIA ont demandé des “croquis” et des “options” pour tuer Julian Assange. “Il semblait n’y avoir aucune limite”, raconte un ancien haut responsable de la lutte antiterroriste.

La CIA s’est refusée à tout commentaire, explique le quotidien britannique, pour qui un “enlèvement ou le meurtre d’un civil accusé d’avoir publié des documents ayant fait l’objet de fuites sans aucun lien avec le terrorisme aurait soulevé une vague d’indignation mondiale”.

WikiLeaks ou le renseignement “hostile”

À l’époque, en qualifiant publiquement WikiLeaks de “service de renseignement non gouvernemental hostile”, Mike Pompeo avait déjà choqué l’opinion. Cette dénomination avait toutefois de l’importance, puisqu’elle autorisait l’agence à une “approche plus agressive” des lanceurs d’alerte.

L’avocat de Julian Assange, “outré en tant que citoyen américain” par les révélations de Yahoo, dit espérer qu’elles “renforcent” la décision de la justice britannique de ne pas extrader son client aux États-Unis.

Julian Assange s’était réfugié à l’ambassade d’Équateur en 2012 pour éviter une extradition vers la Suède où il faisait face à une plainte pour agression sexuelle. Lâché par Quito en 2019, il est depuis en prison au Royaume-Uni “d’où il lutte contre l’extradition vers les États-Unis”. Il y est accusé d’avoir aidé l’analyste militaire américaine Chelsea Manning à faire fuiter des documents classés secret-défense.