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4 ans après le confinement : idées suicidaires, isolement… pourquoi les Français vont si mal
"Certains événements provoquent des secousses à long terme. Ce sont comme des cicatrices qui se referment avec le temps : on s'en remet plus ou moins vite, plus ou moins bien."
Jeanne Accorsini/SIPA/Montage Marianne

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4 ans après le confinement : idées suicidaires, isolement… pourquoi les Français vont si mal

Épidémie de troubles psy

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Les études, rapports et autres enquêtes alertant sur la dégradation de la santé mentale des Français se succèdent. Et dressent ce constat implacable : les Français souffrent, surtout les plus jeunes. La conséquence, certes, des mesures de distanciation sociale liées à la pandémie, mais surtout de l'état de délabrement de nos hôpitaux et de notre système de prise en charge.

Les chiffres ont parfois tant à dire. Ceux que révèle Marianne traduisent une détresse insondable. Les premiers, issus d’une étude à paraître menée à l’université de Bordeaux, montrent qu’en 2022-2023, 41 % des étudiants présentaient des symptômes dépressifs. Ils étaient 26 % avant la crise sanitaire. Sur la même période, leurs idées suicidaires sont passées de 21 à 29 %. Ces pourcentages rendent la seconde série de données plus douloureuse encore. À Nantes, en 2023, 123 enfants de moins de 15 ans venus aux urgences du CHU pour des idées suicidaires n’ont pas pu être pris en charge.

Ce sont 123 mineurs qui ont donc dû retourner « sans soins à domicile alors que le pédopsychiatre qui les avait évalués posait une indication formelle d’hospitalisation », note le mail d’alerte envoyé par Christèle Gras-Le Guen, cheffe de service des urgences pédiatriques du CHU, en janvier ; 123 enfants dont personne n’a pu écouter la souffrance. Qui ont peut-être attendu des mois un rendez-vous chez un psychiatre, un psychologue, dans un centre médico-psychologique (CMP). Qui, peut-être, dans cinq ou dix ans, viendront gonfler les statistiques de l’université de Bordeaux sur l’état de la santé mentale des étudiants.

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Comme tant d’autres, ces nouveaux indicateurs renforcent un constat désormais incontestable : quatre ans après le premier confinement, entamé le 17 mars 2020, les Français vont mal. Il y a même quelque chose d’épuisant dans l’accumulation de chiffres, de témoignages, de rapports, d’études sur le sujet. En novembre 2020, Jérôme Salomon, alors directeur général de la santé (DGS), s’alarmait déjà, lors d’un de ses points réguliers Covid : « Cette épidémie peut générer une souffrance psychologique pour nombre d’entre nous. »

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne