10 choses à savoir sur Iris Knobloch, la première femme présidente du Festival de Cannes

Iris Knobloch à la 38e cérémonie des César, au Théâtre du Châtelet, à Paris, le 22 fevrier 2013.

Iris Knobloch à la 38e cérémonie des César, au Théâtre du Châtelet, à Paris, le 22 fevrier 2013. BORDE-JACOVIDES / BESTIMAGE

Cette juriste trilingue allemande, ancienne dirigeante de Warner Bros France, succédera à Pierre Lescure et sera intronisée à la fin de cette 75e édition qui s’ouvre aujourd’hui. Mais son arrivée ne fait pas l’unanimité.

1. Marches

En 2023, c’est elle, Iris Knobloch, qui accueillera les invités en haut des célèbres marches. Elle sera la première femme à présider le Festival de Cannes. L’actuel tenant du titre, Pierre Lescure, l’intronisera à la fin de l’édition qui débute le 17 mai et lui cédera officiellement la place le 1er juillet.

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2. Réseaux

Agée de 59 ans, cette juriste trilingue allemande a accompli l’essentiel de sa carrière comme présidente de Warner Bros France. Elle y a noué de bonnes relations avec les pouvoirs publics. Mais ses réseaux vont bien au-delà : elle siège au comité de gouvernance de la banque Lazard aux Etats-Unis, est vice-présidente du conseil d’administration d’Accor. Elle a aussi été administratrice de LVMH et de l’allemand Axel Springer.

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3. Pinault

Avec les Pinault et Matthieu Pigasse (coactionnaire de « l’Obs »), elle a créé, il y a un an, un Spac (Special Purpose Acquisition Company) pour investir dans l’industrie du divertissement. Celui-ci sera dissous après l’achat et l’introduction en Bourse, en juillet, de la plateforme musicale de streaming Deezer, dont elle sera la présidente du conseil d’administration. Qu’elle soit en affaires avec les Pinault, par ailleurs partenaires du Festival de Cannes (via Kering), gêne certains administrateurs. Pour les juristes, il n’y a pas de conflit d’intérêts, mais sur les sujets liés à Kering, Iris Knobloch se déportera.

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4. Flair

Elle a financé à une hauteur significative « The Artist », de Michel Hazanavicius – en voyant un essai où Jean Dujardin et Bérénice Bejo dansent – contre l’avis du siège de Warner. Ce dernier jugeait l’engagement irrationnel : il n’imaginait pas le potentiel d’un film en noir et blanc, muet, sur le Hollywood des années 1930. Ni, a fortiori, son parcours triomphal jusqu’aux Oscars.

5. Message

Iris Knobloch n’est pas une personnalité emblématique du cinéma. Son nom n’avait pas la force de l’évidence. Ses détracteurs s’insurgent :

« L’ancienne représentante d’un studio américain à la tête de notre plus célèbre manifestation culturelle, quel message ! Imaginerait-on la Mostra de Venise présidée par un non-Italien ? »

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Mais les mêmes considèrent qu’ils ont échappé à un recasage post-présidentiel dont ils auraient eu tout à craindre.

6. Elysée

Le Festival de Cannes a beau être une association, peu tributaire de l’argent public, il évolue sous l’œil de l’Elysée. Dès le renouvellement, en 2020, de Pierre Lescure, il était entendu qu’il s’effacerait au bout de deux ans. Emmanuel Macron souhaitait que soit nommée une femme, juste avant la présidentielle. Ce sont in fine Matignon et le ministère de la Culture qui ont géré le sujet. L’impétrante n’a pas rencontré le président.

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7. Election

Le délégué général du Festival étant un homme – Thierry Frémaux – il était impensable que la présidence de Cannes n’échût pas à une femme. Mais, au fur et à mesure, les critères se sont resserrés à tel point qu’Iris Knobloch, soutenue par Dominique Boutonnat, patron du CNC, était la seule à cocher toutes les cases. Contrairement à Lescure, élu trois fois à l’unanimité, elle n’a remporté que 18 voix sur 28.

8. Concurrentes

La fonction est défrayée mais non rémunérée, ce qui limite son attractivité. La boule a longtemps roulé avant de s’immobiliser devant Iris Knobloch. Mercedes Erra, dirigeante d’Havas, a été écartée (elle aurait été assimilée à son actionnaire, Vincent Bolloré) ; et quand le nom d’Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, a été évoqué, Emmanuel Macron l’a balayé.

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9. Plateformes

« Cannes a besoin des Américains, il faut les comprendre et arriver à leur parler. Elle saura faire », dit un banquier. Premier sujet : trouver un terrain d’entente avec les plateformes, écartées de ce festival alors qu’elles sont de moins en moins ostracisées ailleurs. Second sujet : acheteurs et vendeurs ne sont pas tous revenus au marché du film, organisé en parallèle de la compétition, préférant continuer à négocier à distance. C’est un problème pour le modèle économique de la manifestation.

10. Duo

S’entendre avec Thierry Frémaux, c’est essentiel. Il détient le vrai pouvoir, celui du sélectionneur qui donne la couleur au Festival. Iris Knobloch est supposée aider à faire sauter des points de blocage avec ceux qui seraient tentés de donner leurs films ailleurs qu’à Cannes.

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